En réaction à la décision de l'Assemblée populaire nationale du report ou du gel du projet de loi criminalisant le colonialisme, la fondation du 8 Mai 1945 a montré son inquiétude quant à de telles décisions, tout en soulignant que ces pratiques ne doivent pas exister dans un système démocratique au sein d'un pays souverain. «Scandaleux et honteux», tels sont les propos tenus par la fondation du 8 mai 1945 après l'annonce ce samedi faite par le président de l'APN qui fait état de la non-programmation du projet de loi criminalisant le colonialisme dans l'agenda de la chambre basse. «Scandaleux pour les propos avancés par le président de l'assemblée exprimant clairement une tentative avérée d'enterrer une revendication légitime, et honteux pour avoir encore une fois blessé la mémoire collective», a estimé la fondation dans un communiqué rendu public hier et transmis à notre rédaction. «La tentative de mettre sous scellés un projet de loi incriminant le colonialisme est l'expression ultime, signe avant-coureur d'une décadence des institutions de l'Etat», ajoute la fondation, en expliquant que c'est «le fléchissement d'un pouvoir qui se veut réconciliateur alors qu'il plie l'échine devant l'ex-empire colonial». La fondation du 8 mai 1945 soutient que «ce geste irresponsable est le pire cadeau de l'Aïd que l'assemblée puisse offrir à un peuple avide de vérité et en permanence dans l'expectative d'un signe probant d'une réelle indépendance». Quelle est la raison d'Etat qui met le pouvoir législatif actuel dans cette position de repli face aux agressions constantes de l'ex-colonisateur ? interroge la fondation dans le même communiqué. Le collectif des associations soutenant le projet de loi, la famille révolutionnaire, les partis politiques et personnalités qui ont adhéré et soutiennent la concrétisation de ce projet historique ont été déçus et s'indignent devant les propos du président de l'Assemblée nationale sur le report aux calendes grecques de la loi en question. « Une décision qui n'a pas seulement stupéfait l'opinion publique, mais par sa platitude et son indigence, a cherché de faux arguments pour justifier l'injustifiable, et poussé la presse étrangère à se poser les mêmes interrogations», note également la fondation du 8 mai 1945 dans son écrit. «Atteinte aux règles institutionnelles» Décider seul du report injustifié d'un projet de loi inscrit et qui a reçu l'aval du gouvernement est une atteinte aux règles institutionnelles qui régissent le fonctionnement du parlement, poursuit la fondation en ajoutant que le président de l'assemblée n'a pas l'autorité ni le pouvoir de prendre des décisions de cette envergure à sa guise, car il se doit de se soumettre au bureau de l'assemblée lequel informe la population des tenants et aboutissants d'une telle décision. Par ailleurs, la fondation du 8 mai 1945 soulignera dans son communiqué que «la France officielle ne s'est pas encombrée d'argumentaires ni de raisons diplomatiques pour exprimer sa xénophobie ou légiférer en toute quiétude, puisque son président de l'assemblée ne s'est ni justifié, ni mesuré la sensibilité des officiels algériens et encore moins leur peuple quand la loi du 23 février 2005 (glorifiant la mission du colonialisme ndlr) a été votée». En précisant que la France «maltraite nos diplomates et accuse notre armée d'avoir assassiné ses évangélistes de Tibhirine, comme elle honore les harkis en réprimant ceux qui les insultent».