«Pour le moment, les appréciations restent superflues et fondées sur des clichés qui définissent le citoyen algérien comme étant violent», s'est indigné Saïb Muzette, sociologue au Centre de recherche en économie appliquée et développement (CREAD). Ce dernier insiste sur le caractère «relatif» de la violence en Algérie, développant que dans toutes les sociétés du monde, il y a des personnes plus violentes que d'autres et que l'impulsivité touche certaines personnes plus que d'autres. De l'avis de M. Muzette, les médias sont pour beaucoup dans la propagation de cette image «d'algérien violent». «Il n'y a qu'à voir les émissions télévisées et la presse écrite qui cherchent à diffuser ce qu'il y a de plus violent dans la société». Ce qui nuit à l'image de l'algérien, notamment à l'étranger. Une image qui n'a que trop subi des préjugés stéréotypés durant la décennie noire des années 1990. «Il faut être prudent lorsqu'on parle de violence en Algérie. A défaut, on reste dans des généralités insensées», ajoute notre sociologue. Il insiste, par ailleurs, sur le fait que «l'algérien ne naît pas violent mais le devient par réaction au milieu où il vit». L'on expliquerait dans ce cas de figure et à titre d'exemple la violence de l'environnement par le manque de poubelles dans les rues et celle vécue quotidiennement dans les stations de transport par le manque de bus, comme on expliquerait la violence des enfants par le manque de structures de jeux dans les quartiers et celles des supporters du football par le manque de places au sein des stades. Ce qui le mène à conclure que «la violence est liée directement à l'environnement socioéconomique, notamment la société, la famille, l'école, le milieu de travail, etc.» L'on ne peut évoquer la violence urbaine sans évoquer la violence rurale, du moment que celle-ci est tout aussi apparente dans toutes les sociétés. Le sociologue spécialisé dans le travail et les jeunes qui souligne que le phénomène demeure de ce fait méconnu dans notre société estime que le thème de la violence devrait être étudié sous tous ses aspects, notamment la violence conjugale, celle de l'environnement, la violence à l'école et au travail... Hors, aucune étude rigoureuse qui englobe toutes les formes de violence dans l'absolu n'a été élaborée en Algérie. Dans le sens où un tel phénomène social devrait être l'objet d'une étude «pluridisciplinaire», où un groupe de spécialistes, notamment des sociologues, des psychologues, des économistes et des statisticiens interviennent. Sans oublier l'absence d'enquêtes approfondies que l'on devrait réaliser auprès de la justice et auprès du secteur sanitaire avant toute approche sociologique, histoire de voir si le phénomène de la violence a pris de l'ampleur ou non. D'où l'impossibilité de disposer d'une observation sociale proprement dite du phénomène.