«Nous recevons quotidiennement en moyenne une dizaine de victimes d'agressions sur la voie publique», affirme une source des urgences médico-chirurgicales du centre hospitalo-universitaire d'Oran. Cet état de fait est le résultat d'une violence urbaine galopante qui plonge les Oranais dans un sentiment d'insécurité. Vendredi aux vers 21h, deux jeunes femmes ont échappé à un rapt dans le quartier cossu d'Esseddikia. Des passagers de la ligne de transport B sont soumis à la loi de pickpockets qui agissent à visage découvert en usant parfois de menaces avec des armes blanches. Des citoyens qui se font agresser sur la voie publique, dans des rues peu fréquentées pour leur soutirer leurs effets personnels. Des médecins de garde qui dénoncent des actes de violence subis sur leur lieu de travail, le soir, par des malades ou leurs proches. Ces événements récoltés dans la rubrique faits divers des quotidiens régionaux sont le reflet d'une expression violente de la société qui ne sait plus comment y faire face. L'expression de cette violence urbaine n'a pas été facilitée par un manque de mobilisation des forces de sécurité. La présence des policiers dans les artères du centre-ville, dissuasive, est fort remarquée. C'est dans les quartiers de la périphérie ou dans les rues peu fréquentées que les bandes de voyous opèrent. «Certaines rues sont devenues de véritables coupe-gorge où il est peu recommandé de s'aventurer», dira un jeune oranais victime d'une agression. Ce dernier traîne encore les séquelles physiques d'un vol avec violence subi non loin de m'dina J'dida. «Je m'étais rendu aux urgences pour accompagner un malade. Le médecin traitant m'avait demandé de lui acheter un médicament qui n'était pas disponible à la pharmacie de l'hôpital. En sortant un agent de sécurité m'avait déconseillé d'emprunter la voie qui longe la direction de l'ADE, je n'avais pas suivi son conseil et je l'ai payé très cher», dira-t-il, en nous montrant des cicatrices sur son torse et sa cuisse, provoquées par une arme blanche lors de l'attaque des agresseurs qui l'avaient délesté d'une somme d'argent, de son téléphone portable et d'une paire de lunettes de soleil. Durant le mois de ramadhan, les rues désertes le matin et au moment de la rupture du jeûne devenaient le terrain de chasse pour des bandes de voyous. Les services des urgences médico-chirurgicales du CHUO révèlent que les actes d'agression avec violence durant le mois sacré ont été perpétrés durant cette fourchette de temps. Les oranais vous déconseilleront de porter des bijoux bien visibles. Les boucles d'oreilles, les chaînes en or et tout ce qui peut être revendu attirent les oiseaux de mauvais augure. «Ils ne reculent devant rien. Ils agissent en bandes, souvent armés de couteaux et de bombes lacrymogène. Ils opèrent dans les rues peu fréquentées, dans les arrêts de bus, au niveau des feux rouges. Tout les attire. Vous n'avez qu'à voir le nombre de délinquants qui sont présentés quotidiennement au tribunal», affirme un oranais. Pour un grand nombre de citoyens, tout comme pour les spécialistes, ce phénomène est encouragé par une forme de lâcheté exprimée par la société. «Ils savent qu'ils peuvent agir dans une totale passivité des présents qui restent sans réaction», dira une femme qui ne manquera pas de souligner que chaque année, les commerçants de la rue Maata adressent des correspondances aux services concernés pour les inviter à assurer la sécurité de leur clientèle soumise au diktat de bandes organisées qui opèrent sur cette artère et au niveau de la place Valero avant de s'évanouir dans les dédales des rues étroites du quartier Edderb.