Un immense ras-le-bol soulevait la trentaine de commerçants et les portait hier devant le siège de la wilaya. Ils avaient été bloqués comme ils menaçaient de monter voir le wali à son bureau. Dans leur colère, ils le rendaient responsable lui ainsi que le chef de daïra de leur situation désespérée. A entendre le concert de doléances qui montaient de ce groupe de mécontents, cela fait un an qu'ils ne travaillent plus. Certains, comme Mohamed ce père de 10 enfants, qui ont exercé l'activité de marchands de fruits et légumes prétendent avoir fait ce travail pendant toute leur vie. Les moins anciens cependant comptabilisent 10 ou 15 ans d'ancienneté dans ce métier. L'année dernière, le wali a pris la décision de supprimer le marché à côté de la gare routière pour lancer son idée de marchés de proximité. Le terrain à Draâ El Bordj a été dégagé à cet effet et divisé en petits lots numérotés de 1 à 54. Il y a deux mois, la proposition de mettre deux commerçants par lot afin que tous puissent être recasés a été retenue et la liste des bénéficiaires établie, selon certains manifestants. Chacun des 104 bénéficiaires savait quelle place il allait occuper. Mais voilà que tout à coup la situation prend une autre tournure. En voyant que le fils d'un responsable bénéficiait du même avantage qu'eux, sans être du métier, aux dires des ces interlocuteurs, tous les commerçants indignés avaient marqué leur ferme opposition. Pour se venger d'eux, ajoutent-ils, le responsable avait bloqué l'attribution des lots. Résultat : un an d'inactivité pour tous. Depuis deux mois, les portes leur demeurent fermées. Celle du P/APW étant la seule qui leur restait ouverte, ils sont allés frapper chez cet élu qui leur aurait répondu que les 54 lots, comme les 15 locaux y afférents feront prochainement l'objet d'une mise aux enchères. Atterrés, les commerçants ne savent à quel saint se vouer et se sont donc présentés avant-hier en force devant le siège de la wilaya dans l'espoir que leur cri de protestation et d'indignation arrive jusqu'aux oreilles du premier responsable de la wilaya. Mais ce matin et malgré toute la vigueur qu'ils mettaient dans ce cri, ils n'ont réussi ni à attirer l'attention du responsable ni à franchir l'obstacle dressé sur leur chemin par les plantons et agents de sécurité. «Nous sommes dans notre pays. Nous sommes sans travail. Ouvrez le marché. Nos enfants ont faim. Ouvrez le marché... »