Bloquée depuis son installation en décembre 2007, l'APC de la Casbah est en passe de vivre une nouvelle étape après le départ du wali délégué de Bab El Oued, Saïd Méziane, qui a été promu, jeudi, au rang de wali de Tamanrasset. M. Méziane a été accusé par la majorité des élus de la vieille ville d'Alger de faire perdurer le blocage en refusant d'appliquer la loi. Les concernés attendent de connaître le nom de son successeur pour relancer l'affaire et obtenir le déblocage de l'assemblée. Le mouvement annoncé jeudi dans le corps des walis inaugure une nouvelle étape dans le processus du déblocage de l'APC de la Casbah initié depuis fin avril dernier. La pièce maîtresse du dossier, à savoir le wali délégué de la circonscription administrative de Bab El Oued, Saïd Méziane, a été en effet promu wali de Tamanrasset. Pour l'instant, son successeur n'est pas publiquement désigné. Cette nouvelle donne changera-t-elle quelque chose dans le traitement réservé par l'administration à ce dossier depuis le début? Les élus de la majorité sont sur le qui-vive : «On attend de connaître le nom du nouveau wali délégué», affirme à juste titre Farid Boussahia, élu et prétendant à la présidence de l'APC. A la vieille ville d'Alger, on attend donc l'installation d'un autre commis de l'Etat à la place de M. Méziane afin de relancer l'affaire et d'obtenir le déblocage de l'assemblée. L'APC de la Casbah, pour rappel, est totalement bloquée depuis son installation, en décembre 2007, à cause d'un différend qui oppose de façon radicale les membres de la liste de la majorité. A l'issue des dernières élections locales, le FLN a raflé la mise en obtenant 8 sièges sur les 15 que compte l'assemblée. Ainsi, la présidence de celle-ci lui revient de droit. Simple élu durant le mandat 1997-2002, Amar Ztéli, enseignant du primaire à la retraite, était parvenu à la tête de l'APC en 2002. Cinq ans après, il voulait répéter la même expérience, mais c'était compter sans l'opposition de quatre de ses colistiers qui ont décidé de lui barrer la route. Le conflit a commencé le jour même de l'installation de l'exécutif. Le désormais ex-wali délégué de Bab El Oued avait convoqué les élus FLN afin d'installer le premier magistrat de la commune suivant les instructions de la direction du parti stipulant que la tête de liste est désignée président de l'assemblée (Amar Ztéli). Quatre membres sur huit ont rejeté cette décision. C'est le blocage. Que faire ? Au lieu de nommer à ce poste le plus jeune élu, le plus compétent, ou alors d'élargir le vote aux autres membres de l'assemblée (issus du RND, FNA et PT), M. Méziane a opté pour une solution puisée dans le code de wilaya : désigner le plus âgé parmi les élus FLN (toujours Amar Ztéli). L'installation de M. Ztéli s'est faite alors en fonction de son âge. De ce fait, ses opposants dans le parti ne lui ont pas donné leur confiance. C'était le faux départ. L'assemblée n'a jamais délibéré sur quoi que ce soit trente mois durant. Entre temps, l'opposition a pris de l'ampleur pour former une coalition de dix personnes qui ont accordé leur confiance à M. Boussahia (FLN) pour prétendre à la présidence de l'assemblée. La majorité a commencé à agir dans ce sens. Le début de la fin Le 29 avril 2010, les dix membres ont déchu M. Ztéli de ses fonctions par un vote de défiance. La délibération prise en ce sens a été confirmée par le wali, Mohamed Kébir Addou, dans un arrêté pris le 12 mai. A la même occasion, M. Addou a désigné Haddadi Redha en tant qu'administrateur des affaires de la commune pour une durée légale d'un mois en attendant la désignation d'un nouveau P/APC. Pour ce faire, le wali délégué de Bab El Oued a convoqué tous les élus sans exception à une plénière pour le 26 mai au siège de l'APC, boulevard Che Guevara, à la Basse-Casbah. L'ordre du jour comportait un seul point : installation du président de l'Exécutif suivant l'article 51 du code de la commune. L'article en question stipule clairement que c'est à l'assemblée de désigner le successeur du maire déchu de ses fonctions en choisissant un nom de la liste de la majorité. En clair, il s'agissait pour le wali délégué d'installer M. Boussahia, qui était à la tête de la coalition de 10 membres alors que son concurrent Khellaf Tahar (FLN) coiffait un groupe de 5 élus. Au moment de l'installation, M. Méziane changea de discours et s'entêta à procéder suivant les modalités de l'article 48 (la liste de la majorité désigne le président parmi ses membres) qui ne convient plus à la nouvelle situation créée par la destitution de M. Ztéli. Cette réunion n'a débouché sur rien de concret, excepté le fait que les neuf élus ont renouvelé leur confiance à M. Boussahia. Deux jours après les faits, soit le 28 mai, celui-ci a saisi le wali par écrit. Dans cette correspondance, l'auteur s'est dit «étonné» du refus inexpliqué du wali délégué de procéder à l'installation du P/APC suivant l'article 51 du code de la commune. Le commis de l'Etat a été même accusé de faire perdurer le blocage. Par conséquent, il a demandé au wali d'intervenir pour que la loi soit appliquée. «Nous considérons que votre intervention est plus que jamais indispensable pour mettre fin au blocage», a-t-on indiqué. Le premier responsable de la wilaya a fait connaître sa réponse le 23 juin, en marge de l'ouverture des travaux de la deuxième session annulaire de l'assemblée populaire de wilaya (APW). «La loi est claire. L'article 48 du code de la commune stipule que le président d'APC est choisi parmi la liste de la majorité. La liste de la majorité est divisée en deux parties et à égalité. Ils sont quatre- quatre», a déclaré M. Addou à la presse qui l'a interrogé à ce sujet. Il a également estimé que les élus FLN de la Casbah étaient des «irresponsables», sans toutefois annoncer une quelconque mesure tendant au déblocage de la situation. Le wali a ainsi appuyé le wali délégué dans le traitement réservé par l'administration à ce dossier. Cette prise de position n'a pas découragé M. Boussahia et les élus qui le soutiennent. Au contraire, ils ont continué à harceler les autorités. Fin août, l'affaire fait encore l'actualité. La presse a révélé que l'administrateur de l'APC avait été nommé sans enquête préalable comme il est de rigueur dans pareil cas. Le journal El Khabar a en fait rapporté que l'intéressé était poursuivi pour terrorisme et emprisonné pour cela pendant quelque temps à Serkadji. Le wali a mis fin aux fonctions de l'administrateur début septembre, au moment où l'affaire commence à faire du bruit au sein même du Parlement. A sa place, il a désigné la chargée des finances au sein de l'APC.