Bloquée depuis son installation en 2007, l'APC de La Casbah est sans président depuis le 29 avril, date à laquelle Amar Ztéli a été déchu de ses fonctions. Sur les 15 membres que compte l'Assemblée, 9 soutiennent la candidature de Farid Boussahia, élu sur la liste FLN, pour lui succéder. La wilaya déléguée de Bab El Oued et la wilaya refusent toujours d'entériner ce choix pour des raisons inexpliquées. Aussi, le groupe des «dix» profite d'une occasion inespérée afin de remettre cette question sur la table : le prochain Aïd et El Fitr. A cette occasion, le président de la République se rendra, comme d'habitude, à Djamaâ El Kebir de la Basse-Casbah. Mais il risque de ne trouver personne pour l'accueillir. Depuis l'indépendance, les traditions protocolaires veulent que ce soit le président de l'APC de La Casbah qui accueille le chef de l'Etat qui vient assister à la prière de l'Aïd El Fitr à Djamaâ el Kebir, de la place des Martyrs, dans la Basse-Casbah. Cette pratique risque de ne pas être respectée cette année. La raison ? Dans les couloirs du siège de l'APC, sis rue Che Guevara, et à dix jours de l'Aïd, les élus commencent de se poser la lancinante question : qui va accueillir le président de la République ? L'interrogation est de taille pour la simple raison que la vieille ville d'Alger n'a pas de président d'APC par la faute de la wilaya et de la wilaya déléguée de Bab El Oued qui se refusent à appliquer la loi relative à la commune, notamment les clauses ayant trait au remplacement d'un président déchu de ses fonctions. Depuis la destitution d'Amar Ztéli, les affaires courantes sont confiées par la wilaya à un administrateur, au mépris de la loi en vigueur. La mission de ce dernier a expiré le 12 juin (un mois légal), mais il demeure toujours aux commandes ! Farid Boussahia, élu FLN, qui est à la tête d'une coalition de dix membres constituant la majorité, attend depuis le 29 avril que les autorités se décident à l'installer au poste de premier magistrat de la commune. L'élu se dit président de l'assemblée «devant Dieu et aux yeux de la loi». Mais l'administration ne l'entend pas de cette oreille. C'est justement à cause de cette situation de fait accompli que M. Boussahia a pris le soin de rendre public hier un communiqué où il met les pendules à l'heure. «Malgré l'élection d'un président légitime par l'assemblée populaire communale approuvée par toutes les listes et qui jouit du soutien populaire, la tutelle a refusé de l'installer dans ses fonctions pour faire plaisir à des parties qui ne voient que leurs intérêts», écrit-il. Il poursuit : «Afin de dégager ma responsabilité devant Allah, devant son Excellence le premier magistrat du pays ainsi que devant la population de la commune de La Casbah, je déclare que j'étais privé de mon droit de gérer les affaires de la commune et d'exécuter le plan de développement du président de la République, de servir les intérêts de la population qui piétine depuis trois ans et d'avoir l'honneur d'accueillir le président de la République à la grande mosquée comme le veut la tradition protocolaire.» Il conclut : «Je rends responsables ceux qui œuvrent pour que le blocage de la commune de La Casbah perdure et que la commune reste sans P/APC.» Comme toutes les tentatives de remettre en marche l'APC ont été vaines, M. Boussahia lance donc une nouvelle action contre l'immobilisme de l'administration dans la gestion de ce dossier. Retour sur un blocage pas comme les autres L'actuel exécutif communal, installé le 10 décembre 2007, n'a jamais fonctionné du fait des profonds clivages qui minent le groupe de la majorité. Sur les 15 membres qui composent l'Assemblée, 8 sont en effet issus du FLN. Ces derniers sont divisés en deux factions à cause de la mauvaise gestion des affaires communales dont la dénonciation publique a donné lieu à des positionnements régionalistes au sein du groupe de la majorité puis au sein même de l'Assemblée (les Jijelis d'un côté, les Chaouis et les Kabyles, plus nombreux, de l'autre côté). Le blocage a perduré jusqu'au 29 avril. A cette date, M. Zétli a été destitué par vote de défiance à la majorité écrasante des élus. La destitution a été par la suite confirmée par le wali qui a pris un arrêté en ce sens le 12 mai. La destitution du P/APC n'a pas réglé le problème de sa succession. Le 29 avril, aucun consensus n'a été obtenu à ce sujet. Aussi, le wali délégué de Bab El Oued, Saïd Méziane, a convoqué une deuxième fois les élus au siège de l'APC à une session extraordinaire pour le 26 mai et ayant comme objet la désignation du président de l'APC «conformément à l'article 51 du code de la commune». Ainsi, M. Méziane était censé installer M. Boussahia dans ces nouvelles fonctions puisqu'il était à la tête d'un groupe de dix élus alors que son concurrent Khellaf Tahar (FLN) formait une coalition de cinq membres. De plus, l'article 51 du code de la commune stipule clairement que c'est l'Assemblée qui élit le président en choisissant un élu de la liste de la majorité. A la dernière minute, le wali délégué refuse d'installer M. Boussahia et renvoie dos à dos les gens du FLN en leur imposant de choisir un élu parmi eux, tout en sachant que cela était impossible et que la démarche constitue une violation flagrante de la loi. Comme la réunion a été un échec, le groupe de la majorité a pris sur lui d'en alerter le wali Mohamed Kébir Addou. Dans une correspondance qui lui a été adressée, le wali délégué est accusé d'entretenir le blocage de l'assemblée, priant la hiérarchie d'intervenir afin que la loi soit appliquée. La réponse de M. Addou est venue en marge de la cérémonie d'ouverture des travaux de la deuxième session annuelle de l'assemblée populaire de wilaya (23-24 juin). «La loi est claire. L'article 48 du code de la commune stipule que le président d'APC est choisi parmi la liste de la majorité. La liste de la majorité est divisée en deux parties et à égalité. Ils sont quatre quatre», déclare-t-il à la presse. «Ce sont (le groupe FLN de l'assemblée) des irresponsables !», accuse-t-il à la même occasion. M. Addou choisit donc de s'en laver les mains et appuie de ce fait la démarche du wali délégué de Bab El Oued. La Casbah reste la dernière APC bloquée de la wilaya depuis les élections de novembre 2007.