La police française a procédé mercredi, à Saint-Raphaël, dans le sud-est de la France, à l'arrestation d'un individu se disant membre d'un groupe d'extrême droite qui menaçait de commettre des attentats contre les cinémas projetant le film Hors la loi de Rachid Bouchareb. L'individu a été arrêté suite à un appel anonyme qu'il passé à un média le 22 septembre, dans lequel il menaçait de commettre des attentats contre les salles projetant Hors la loi. Ce film, très controversée en France, raconte l'histoire de trois frères pris dans la tourmente des événements qui ont secoué l'Algérie entre les années 1940 et 1960. La police a identifié la cabine téléphonique utilisée pour l'appel anonyme et les services techniques ont permis d'identifier un suspect, un retraité de 68 ans qui a reconnu les faits. Au cours d'une garde à vue de trois jours, il a expliqué avoir agi parce qu'il aurait voulu que ce film soit interdit. L'homme s'était présenté au nom du groupe Charles Martel, du nom du chef franc qui avait repoussé les Arabes à Poitiers en 732. On ignore toutefois s'il était lié à ce groupe qui avait commis une vingtaine d'attentats, principalement contre des ressortissants ou des intérêts algériens en France, entre le 14 décembre 1973 et le 20 juin 1991. Ces attentats avaient fait six morts, dont le prince Jean de Broglie, artisan des accords d'Evian qui avaient mis fin à la guerre en 1962, et plusieurs dizaines de blessés. Le sexagénaire est poursuivi pour «fausse alerte», c'est-à-dire la «divulgation d'une fausse information dans le but de faire croire à la commission d'une destruction dangereuse». Il encourt deux ans de prison et 30 000 euros d'amende. Lors de sa présentation au festival de Cannes, Hors la loi a été l'objet de virulentes critiques en France, la droite, l'extrême droite, des harkis et des pieds-noirs accusant le réalisateur de «falsifier l'histoire». Le film avait suscité d'énormes controverses, principalement autour de l'évocation des massacres de Sétif (à l'est d'Alger), le 8 mai 1945 et dans la semaine qui a suivi, perpétrés par l'armée française et les colons qu'elle avait armés.