Les habitants du centre-ville d'El Harrach craignent des débordements en cas d'intervention musclée de la police contre les trabendistes qui squattent les rues de Boumati et ses environs. L'opération serait imminente. La police a déjà interdit, depuis la mi-septembre, le commerce parallèle dans les artères de la Casbah. Juste après, elle s'est attaquée au trabendo dans la commune de Bachdjarrah, mais le marché illicite de Boumati reste le plus important en termes de nombre des vendeurs qui y activent quotidiennement. La tension monte de plus en plus au centre-ville d'El Harrach. Les informations faisant état d'une éventuelle opération d'éradication des marchés informels du chef-lieu stressent au plus au point les habitants qui craignent tout débordement de nature à semer la pagaille en ville et à provoquer des incidents ou faire des victimes parmi les trabendistes et les forces de l'ordre. C'est là un scénario catastrophe qui fait frémir les gens. «Pour le moment, tout se passe comme d'habitude. Les trabendistes continuent de squatter une bonne partie du centre-ville. Mais il arrivera le jour où il sera question de les déloger. A ma connaissance, la police attend de terminer l'opération d'éradication du marché de Bachdjarrah afin de se consacrer pleinement à celui d'El Harrach. Cela ne saurait tarder», affirme au Temps d'Algérie un habitant à Boumati. «Quand ce jour arrivera, sincèrement, je ne veux pas y assister. Je compte d'ailleurs aller au bled pour voir la famille en attendant que tout cela finisse», ajoute-t-il. Les résidents du chef-lieu ont le fort sentiment que l'éradication du trabendo qui a pris pied dans le quartier depuis une décennie au moins n'allait pas se passer sans heurts entre la police et les vendeurs. «Il y a des trabendistes qui sont armés. Ils n'hésiteront pas à exhiber des épées et des poignards si la police compte les empêcher de dresser leur table par la force», estime un autre résident. La population n'arrive pas à imaginer comment les forces de sécurité vont procéder, sachant qu'il est question de s'opposer de front à des milliers de jeunes qui sont originaires de la commune, des autres localités de la wilaya comme Bachdjarrah mais aussi des autres régions du pays. «Moi, je plains les autorités. Il ne fallait pas laisser la situation aller jusqu'au pourrissement. C'est vrai que la plupart des trabendistes ne sont pas originaires d'El Harrach, mais il faudra commencer par leur proposer des solutions. Il y a des pères de famille qui gagnent leur pain dans ce marché», ajoute-t-on. Hier matin, le marché parallèle de Boumati et ses environs fonctionnait comme d'habitude. La rue qui donne sur la station de transport urbain est squattée des deux côtés de la chaussée par les vendeurs de fruits et légumes et les commerçants en habillement. Parmi ces derniers se trouvent ceux qui ont fait le choix de fermer leurs boutiques, situées aux bords de cette même rue, afin de venir s'installer sur la voie publique, faisant ainsi l'économie des frais de location et des impôts. D'autres personnes ont fait de même tout en utilisant les boutiques en guise de dépôt de stockage de la marchandise. «Les boutiquiers ont été obligés de faire comme les trabendistes sinon ils ferment», assure-t-on. Entre la gare routière et la place de la Mairie, la rue est complètement bloquée à la circulation automobile. Les tables des trabendistes sont dressées en quatre rangées, laissant de petits couloirs à la circulation piétonne. Le décor est le presque le même dans les rues des frères Djilli et Saïd Mokrani entre autres. Du haut des immeubles du centre-ville, comme ceux de l'Aadl par exemple, le marché illicite a en effet de quoi faire peur.