Le centre-ville d'El Harrach abrite trois vastes marchés de proximité, trois marchés couverts ainsi qu'un projet de marché en souffrance depuis les années 2000. Malgré toutes ces capacités d'absorption de l'activité commerciale, les rues sont constamment squattées par les trabendistes. Ceux-ci envahissent quotidiennement la voie publique surtout à Boumati. Pour le moment, les vendeurs illégaux ne sont pas inquiétés par la police, comme cela a été le cas à la Basse-Casbah et à Bachdjarah. La commune d'El Harrach demeure étrangère à l'opération d'éradication des marchés informels menée par la police dans les autres localités, à l'instar de La Casbah et de Bachdjarah. Du moins jusqu'ici. Hier, des centaines de trabendistes continuaient de dresser leurs tables le plus normalement du monde sur la voie publique au chef-lieu. Le quartier Boumati est connu pour être un des bastions du trabendo au détail. Pour le moment, soit deux semaines après le lancement de l'opération d'éradication, on fait comme si de rien n'était. Le commerce parallèle envahit de plus en plus la gare routière du quartier. La station est immense, mais peu exploitée. Les dessertes sont nombreuses et les voyageurs ne manquent pas. C'est parmi eux que les trabendistes trouvent des clients. A l'entrée, une dizaine de vendeurs de fruits ont étalé leurs marchandises. Dans la station elle-même, d'autres trabendistes se sont installés. Ils proposent des cacahouètes, des cigarettes, des cartes de recharge mais aussi et surtout des boissons fraîches. Pour ce faire, les jeunes ont eu l'idée d'alimenter leurs installations en électricité en piratant le réseau d'éclairage public de la gare. Entre la station et le parking se trouvant à hauteur de la cité Aadl, la chaussée est quasiment squattée. Les vendeurs n'ont laissé qu'une seule voie pour le passage des transporteurs en direction des arrêts. Les bus et les rares automobilistes qui s'y aventurent progressent pare-choc contre pare-choc. Sur les lieux, les rôles sont bien partagés : d'un côté de la rue, vous avez les trabendistes des fruits et légumes ; de l'autre, le commerce de l'habillement. Le territoire des premiers dégage des odeurs à vous couper le souffle. Sous les tables, en effet, les commerçants jettent les produits pourris tels les pommes, le raisin et les bananes. Faute d'être collectés, ces déchets finissent par rendre l'air irrespirable, attirant toutes sortes d'insectes. Au pied du quartier Aadl, il a été décidé de créer un marché-bidonville spécialisé dans l'habillement. L'enceinte est constituée de baraques, chacune d'elle est «aménagée» suivant les goûts de son propriétaire. Une fois à l'intérieur, on s'aperçoit que les différents couloirs de circulation sont réduits au maximum. Ils sont tellement étroits que les visiteurs sont parfois obligés de se frotter les uns aux autres. Outre son aménagement dû en grande partie à l'improvisation, le marché constitue un véritable danger pour ses occupants et pour les visiteurs. Il suffit d'une étincelle pour réduire le tout en un amas de cendre. Les locataires de ce marché souffrent toutefois d'une concurrence déloyale : les trabendistes de l'habillement installent leurs tables à l'entrée principale. Dans les environs, l'APC d'El Harrach a fait ouvrir deux autres marchés de proximité très spacieux. Le premier est occupé par les gens de la friperie. Les étals sont posés à même le sol, dans la boue ; le second est réservé aux fruits et légumes. La route qui les longe est constamment transformée en marché informel, du matin au soir. A ce niveau, les étals sont curieusement mieux organisés qu'à l'intérieur des trois marchés autorisés par les services locaux. La route est définitivement coupée à la circulation automobile. Les tables de vente sont dressées des deux côtés de la voie ainsi qu'au milieu de la chaussée. Les produits proposés aux clients sont très variés. Un trabendiste propose même les produits laitiers, tels les yaourts, les fromages, le camembert et le thon. Pour les protéger contre la chaleur et la poussière, il a fait installer un présentoir au milieu de la rue. Le frigo fonctionne grâce au piratage du réseau électrique. Des travaux qui s'éternisent au nouveau marché du centre-ville Un peu plus loin, aux alentours du centre culturel Amrani Abderrahmane (Dahmane El Harrachi), encore en travaux, ce sont les vendeurs forains des légumes qui ont élu domicile. Plusieurs véhicules (bâchés), immatriculés à Alger, ont été garés dans les coins avec une bonne charge de pomme de terre, de tomate ou de chou-fleur. Les produits sont de bonne qualité et les prix abordables, en tout cas, moins élevés que ceux appliqués durant le Ramadhan ou la semaine qui a suivi l'Aïd. La pomme de terre est proposée par exemple entre 30 et 35 DA le kilo au lieu de 50 à 60 DA auparavant. En empruntant la rue des frères Djilli, à partir du centre culturel Dahmane El Harrachi, on remarque quelques vendeurs qui tentent d'écouler des articles utilisés comme les téléphones portables. Plus bas, ce sont les cordonniers, une quinzaine en tout, qui sont là à attendre patiemment la clientèle. Après les cordonniers, sur l'avenue Saïd Mokrani, on tombe nez à nez avec le fameux marché du centre-ville qui dispose de plus de trois cent boutiques. Les magasins sont encore en chantier. Durant les trois dernières années, le président de l'APC a pourtant avancé plusieurs échéances quant à son inauguration. Ces promesses n'ont jamais été tenues. C'est sur la même avenue que les autorités locales ont aménagé un nouveau marché ouvert exclusivement aux bouchers. Dans le cadre du projet d'extension du métro d'Alger (Bachdjarah-El Harrach), il a été décidé, en avril 2009, de raser le pavillon viande et volaille du marché couvert Djelmani du chef-lieu communal pour construire une gare centrale. En parallèle, l'APC a inscrit le projet du marché de l'avenue Mokrani afin de permettre aux bouchers de Djelmani de reprendre leurs activités. La nouvelle structure a été inaugurée au cours des derniers jours du mois de Ramadhan. Hier matin, les lieux dégageaint des puanteurs à vous faire vomir. Ainsi, le centre-ville abrite trois vastes marchés de proximité, trois marchés couverts (Djelmani, Zakaria, les bouchers) ainsi qu'un projet de marché en souffrance depuis les années 2000. Malgré toutes ces capacités d'absorption de l'activité commerciale, les rues sont constamment squattées par les trabendistes.