«Nous sommes respectueux de la loi et nous observons un moratoire sur les expulsions en période hivernale», affirme une source proche de l'Office de gestion et de promotion immobilière (OPGI) d'Oran. Cette dernière confirme que le service contentieux s'est saisi de plusieurs dossiers de mauvais payeurs pour d'éventuelles poursuites judiciaires et une procédure d'expulsion. «Nos créances se chiffrent par milliards et nous sommes contraints de recourir aux expulsions pour récupérer nos biens», affirme la même source, précisant toutefois que plusieurs décisions de justice à l'encontre de familles occupant des biens de l'OPGI n'ont pas été appliquées. «Nous favorisons l'arrangement à l'amiable. Nous sommes conscients des difficultés des familles et nous prospectons avec elles toutes les voies d'arrangement avant d'envisager le recours à la force publique pour l'expulsion», souligne la même source, précisant que plusieurs cas ont été traités à la faveur d'un arrangement prévoyant un calendrier de paiement, «même si plusieurs locataires n'ont pas respecté leurs engagements». Actuellement, à Oran, elles sont près de 1000 familles qui sont sous la menace d'une expulsion, une mesure qui reste suspendue en raison de la trêve hivernale. L'OPGI gère un parc qui compte près de 100 000 habitations. Des sources proches de cet office soulignent que des contraintes de commercialité imposent le recours à cette mesure extrême. «Nous sommes contraints de rentabiliser notre patrimoine. Nous avons des charges salariales, des frais de gestion et des opérations de réhabilitation du vieux bâti que nous devons assurer. Les mauvais payeurs grèvent dangereusement nos budgets. Actuellement, il existe un vide juridique qui permet à certains locataires d'échapper à cette mesure en faisant obstruction à l'application de la décision de justice, mais nous sommes contraints de recourir à cette voie légale», affirme la même source. A Oran, le phénomène des expulsions touche surtout les familles occupant des biens privés ou des indus ou installées sur des terrains du patrimoine forestier ou agricole. «Les propriétaires privés n'observent même pas la trêve hivernale. Munis de la décision de justice, ils s'empressent de l'appliquer», affirme un huissier de justice, qui indique que pour favoriser la location, les procédures d'expulsion sont aujourd'hui allégées au point de devenir une arme souvent mal utilisée par les propriétaires. Les familles occupant des terrains relevant du patrimoine forestier ou agricole vivent quotidiennement sous la menace d'une expulsion parfois musclée, comme ce fut le cas pour près de 200 familles à El Hassi, à l'ouest de la ville d'Oran. «Classées comme bidonville, leurs habitations sont exposées à tout moment à l'éradication. Il suffit d'une simple décision du P/APC pour lancer une opération d'expulsion. Avec ces familles, on ne prend même pas la peine de les reloger, puisqu'elles sont considérées comme indus occupants qui tombent sous le coup de la loi», affirme un élu. Mais en attendant la véritable gageure qui attend l'OPGI et la récupération des biens sous-loués et qui sont légion à Oran.