D'importantes précipitations s'abattent depuis le mois de juillet sur le massif du Hoggar, provoquant des crues d'oueds exceptionnelles. Ces pluies surviennent après une longue période de sécheresse qui a provoqué la disparition totale du tapis végétal dans les zones de pâturage. Le directeur régional de l'office national de la météorologie à Tamanrasset (ONM - Extrême sud), Abdelkader Ouladichir, se dit impressionné par les quantités d'eau de pluie enregistrées cet été sur le massif du Hoggar. «En comparaison avec les étés précédents, la moyenne des pluies de cette année est largement au-dessus de la normale», indique-t-il en précisant qu'à Tamanrasset et ses environs, les quantités d'eau de pluie sont supérieures de 50% à celles enregistrées en 2009. M. Ouladichir explique que le bilan pluviométrique établi pour la période comprise entre mai et août fait ressortir des précipitations de l'ordre de 58 mm à Tamanrasset et 130 mm sur l'Assekrem, montagne culminant à 2780 m d'altitude. Habituellement, les deux sites reçoivent successivement 46 et 120 mm par an. «Les pluies ont provoqué l'écoulement intermittent des oueds du Hoggar, ce qui aura pour conséquence le gonflement des nappes phréatiques. Pour les pâturages, il est évident qu'il y aura une très bonne couverture végétale dans la région», relève également le responsable de régional de l'ONM. Mohamed Malek Benmalek, le président de la chambre d'agriculture de Tamanrasset, confirme lui aussi le caractère exceptionnel des précipitations de cet été. «Les quantités d'eau de pluie sont impressionnantes et nous remercions Dieu pour son précieux don», dit-il, en précisant que «cette bénédiction du ciel va profiter à des milliers d'agriculteurs et d'éleveurs du Hoggar». M. Benmalek fait constater cependant que de nombreux oueds où se concentrent des communautés agricoles importantes ne sont entrés qu'une à deux fois en crue, ce qui, à ses yeux, n'est pas suffisant pour remplir les nappes phréatiques. Des barrages dans le Hoggar ? Le président de la chambre d'agriculture exprime quelques inquiétudes à ce propos, estimant qu'«il est plus qu'urgent de capter et de mobiliser l'eau du ciel». M. Benmalek explique que des quantités phénoménales d'eau coulent dans les oueds du Hoggar mais disparaissent très vite dans la nature. «Il est temps que l'Etat pense à réaliser des barrages, des vrais barrages et pas seulement des puits de parcours». Le président de la chambre de commerce est ulcéré à l'idée que les propositions de construction de retenues d'eau aient été abandonnées par le ministère des ressources en eau sous le prétexte qu'il fait chaud et qu'il y a excès d'évaporation. «C'est une explication fausse car le climat qui prévaut dans le Hoggar est très particulier», indique notre interlocuteur qui rappelle que 4 sites avaient été choisis dans les environs de Tamanrasset qui pourraient abriter des barrages de grande contenance. «Le choix des sites s'est effectué en présence du wali qui a été séduit par cette idée. Mais il y a des blocages à Alger», relève M. Benmalek qui ajoute que «la construction de barrages à Tamanrasset ne coûtera pas plus cher qu'au nord du pays, bien au contraire». «On tiendra jusqu'à l'hiver» Le président de l'APC de Tazerouk est du même avis. «Il faut en finir avec cette perception erronée que l'on a du Sahara. Le Hoggar, ce n'est ni le Tidikelt ni le Gourara. Les étés sont supportables et les températures assez basses l'hiver. Cette particularité rend possible la construction de grands barrages», explique M. Salem Dehimi qui rappelle que Tazerouk culmine à 1900 m d'altitude, et sa voisine Ideless à 1600 m. Il cite un grand nombre d'oueds qui coulent à longueur d'année dans sa région, ajoutant que «certains cours d'eau présentent des gorges hautes et étroites qui pourraient contenir des digues». Selon le maire, les barrages vont influer sur l'environnement et les mentalités. «Nous pourrons étendre les superficies cultivables et initier les gens de la région à pratiquer toutes les spéculations agricoles possibles», dit-il, indiquant qu'il pense sérieusement à développer l'aquaculture dans sa commune. Le responsable du service agricole de Tazerouk admet lui aussi que les chutes de pluie ont été importantes. «Les agriculteurs peuvent tenir jusqu'à l'hiver. Mais s'il cesse de pleuvoir cet automne, il y a risque de dépérissement des vergers», note-t-il.