L'aide au logement rural que l'Etat algérien a initiée afin de fixer la population rurale dans la campagne n'est sûrement pas une mauvaise idée, vu l'engouement et l'intérêt que manifeste cette même population à cette initiative, afin de construire un logement décent avec un moindre coût, puisqu'il s'agit d'une aide à hauteur de 700 000 DA, répartie en 3 tranches. Même cette aide, dont bénéficient les différentes APC, est distribuée en quotas, lesquels sont toujours jugés insuffisants eu égard à la demande qui va crescendo et qui risque de ne pas être satisfaite à moyen terme. Beaucoup d'habitants ont tenu à faire savoir que les quotas de l'aide au logement rural sont en deçà de la demande, comme ce fut le cas dans la commune de Tinebdar, où les habitants ont exprimé leur courroux face à l'insuffisance de l'aide octroyée dans le cadre du Fonal. C'est vrai que l'aide à la construction du logement rural constitue une solution pour les ménages à faibles revenus, vu la cherté du logement, et que cette politique permet d'atténuer l'exode rural, mais ce qui est désolant dans tout cela, c'est que la construction de ces logements ruraux se fait au détriment des terres agricoles arables. Comme nous l'avons constaté dans la vallée de la Soummam, des centaines de logements, construits dans le cadre du Fonal sont érigés sur des terres agricoles, au milieu de vergers et d'oliveraies. Le foncier agricole dans la wilaya de Béjaïa est malmené et détourné de sa vocation initiale, car l'on ne travaille plus cette terre qui donnait autrefois les meilleurs fruits et légumes de la région. Construire un logement oui, mais sur une terre agricole... Cette politique de fixation des populations rurales est perçue par les observateurs comme un coup de grâce à l'agriculture, à travers le bétonnage des terres agricoles d'excellente qualité. Des centaines d'arbres fruitiers, notamment des oliviers séculaires, ont été arrachés pour construire des logements, donnant une vue de gigantesques boîtes de loin. Il est vrai que les assiettes foncières sont insuffisantes dans cette wilaya, et que la majorité des terres relèvent du domaine privé, mais est-ce une raison valable pour sacrifier des centaines d'arbres fruitiers et bétonner des hectares de terres agricoles ? Sur ce point, le Fonal est passé complètement à côté, estime-t-on. Jadis, nos aïeux construisaient leurs maisons sur des collines ou sur des terres incultes pour préserver les terres arables qui les faisaient vivre, tout en les léguant plantées d'arbres et surtout d'oliviers. De nos temps, les choses se sont inversées, et le béton fait sa marche insidieusement.