Lundi, au siège parisien d'Aigle Azur, la revue de presse confectionnée quotidiennement pour les besoins du staff dirigeant était de nature à réjouir ses destinataires. Au nombre des articles sélectionnés, un compte rendu du Parisien appelé à servir, un jour, de pièce pour le «musée» de la compagnie. Etalé sur une demi-page, le papier fixe, pour la postérité, un moment clé dans la vie du groupe Gofast, entité mère d'Aigle Azur. Illustration en couleur à l'appui, le journal populaire immortalise ce qu'il qualifie avec un accent appuyé de «vol historique». Un airbus A319 bariolé aux couleurs d'Aigle Azur se pose sur le tarmac de l'aéroport international de Baghdad. Une image rare dans le feuilleton d'un pays en guerre depuis deux décennies et longtemps soumis à l'embargo occidental. Dans l'histoire aéronautique mondiale, l'atterrissage irakien d'Aigle Azur fera date. La compagnie dirigée par Arezki Idjerouidène et son fils Meziane est, en effet, la première compagnie sous «pavillon» européen à survoler le pays du Tigre et de l'Euphrate depuis 1990. Cette image fortement symbolique couronne une idée vieille d'un an - l'ouverture d'une desserte - que les dirigeants d'Aigle Azur se sont gardés de médiatiser avant l'heure. Le vol d'avant-hier était un spécial à bord duquel a embarqué une délégation d'une cinquantaine de chefs d'entreprise français, venus participer à la Foire internationale de Baghdad. Ce «spécial», les patrons d'Aigle Azur l'ont voulu - sous les lampions des médias internationaux - comme l'acte inaugural de la desserte régulière Paris-Baghdad à bord d'un A319 d'Aigle Azur. Le temps de la finalisation qui devrait être bouclée dans deux mois environ, un avion de la compagnie «Bleu azur» reliera, à raison de deux vols par semaine, l'aéroport Paris Charles de Gaulle à la capitale irakienne. Troisième compagnie française par le chiffre d'affaires après le groupe KLM-Air France et Corsair, Aigle Azur a intégré en 2001 le groupe Gofast fondé et développé par Arezki Idjerouidène, chef d'entreprise d'origine algérienne. Limitée au départ à un vol «pétrolier» entre Paris Le Bourget et Hassi Messaoud, l'activité aérienne du groupe a «flambé» avec la reprise d'Aigle Azur. Depuis, le réseau commercial n'a cessé de se développer, faisant de la compagnie l'une des plus dynamiques sur le bassin méditerranéen. Aigle Azur relie, au quotidien, une dizaine d'escales hexagonales au Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie), au Portugal et au Mali. Le «Paris-Baghdad» vient élargir son «rayon d'action». Les observateurs du secteur aéronautique y voient un signe prometteur de vitalité au moment où nombre de compagnies - y compris les «mondiales» - jouent la prudence en adoptant la politique du «wait and see». Il y a plusieurs mois, la compagnie avait commémoré une date clé dans sa jeune histoire : l'acquisition d'un airbus A319, le premier à être enlevé directement auprès du constructeur européen. Avec une flotte entièrement Airbus, Aigle Azur assure quelque 300 vols par semaine entre la France, le Maghreb, le Portugal et le Mali. En 2009, 1,7 million de passagers avaient embarqué à bord des vols reliant ces contrées.