Le manque de liquidités dans les bureaux de poste de la wilaya d'Annaba se pose avec acuité et la situation pénible qui en découle est devenue intolérable pour tous les usagers des chèques postaux. A tel point que ceux-ci appréhendent le pire à l'approche des jours de paie qu'ils associent à une période de calvaire. Crainte qui est accentuée à l'approche de l'Aïd pour les chefs de famille. On s'attend déjà à des scènes de désolation, surtout que le problème de disponibilité d'argent se pose depuis pratiquement une année. Au niveau des recettes, la réponse des préposés aux guichets postaux et de leurs responsables est invariablement la même : la faute est imputable à la banque qui ne fait pas convenablement son travail ! On affirme à l'unisson que les demandes d'espèces répétées d'Algérie Poste auprès des responsables de la Banque d'Algérie ne sont pas honorées à la lettre depuis des années. Depuis l'année 2007, précisera un inspecteur de l'administration. Et d'indiquer que quand les demandes exprimées sont d'un volume déterminé, il n'en est livré que 50%, ce qui cause immanquablement un déséquilibre financier dont les usagers pâtissent. Pour comprendre le fond du problème, il faut savoir que le revenu moyen des citoyens a augmenté. Si par le passé le retrait moyen des avoirs de l'usager était de l'ordre de 7000 DA, il varie aujourd'hui entre 15 000 et 25 000 DA, ce qui implique la nécessité pour les agences AP d'avoir plus de liquidités, ajoutera notre interlocuteur. Toujours selon ses explications, ce sont des sommes astronomiques qui sont manipulées quotidiennement et ce, quelles que soient les circonstances du moment, fêtes religieuses ou autres. «Dieu seul sait si elles sont nombreuses chez nous !», ironisera-t-il. Partant de l'idée que ce sont environ 9,5 millions de détenteurs de CCP qui se ruent sur leur agence, il estimera à une moyenne de 1 million d'opérations qui sont effectuées chaque jour, dont les deux tiers sont des retraits. Evoquant le problème qui se pose au niveau des distributeurs, qui pourrait atténuer la pression exercée sur les agences, notre inspecteur affirme que la majorité des 400 guichets automatiques de billets (GAB) enregistre des pannes essentiellement dues à la qualité des billets. «Les coupures de 200 DA déchirées et collées avec du scotch ne passent pas et bloquent le système. La qualité du papier des billets de banque est l'un des pré requis pour les distributeurs, qui exigent des billets en bon état, pour ne pas dire neufs. Revenant aux lenteurs dans le traitement des chèques au moment du retrait, il tentera d'expliquer cette contrainte par la connexion au réseau CCP qui s'est étendue à 98% des agences disséminées aux quatre coins du pays. «Les pannes du système intranet sont indépendantes des services techniques locaux, mais c'est une autre histoire», dira-t-il. Selon d'autres employés de la Grande poste, la situation serait due à l'incapacité de la Banque centrale qui serait dépassée par les événements. Pour eux les responsables des guichets ne peuvent pas répondre en totalité à la demande par manque de liquidités et la majorité des usagers, surtout les retraités, sont contraints de ne retirer que 50% de leur pension, un drame pour ces infortunés. Se livrant en aparté, l'un d'entre eux expliquera que les raisons réelles du manque de liquidités dans les bureaux de poste de cette wilaya a un lien direct avec la situation sécuritaire. Selon lui, les receveurs ne souhaitent pas gérer des sommes très importantes par crainte de faire l'objet de hold-up ou de cambriolages, notamment dans les agences isolées. Ceci alors que la Banque d'Algérie invoque le manque de véhicules affectés au transfert de fonds pour expliquer la perturbation de l'alimentation des bureaux en fiduciaires. Autant d'explications qui ne régleront pas le problème du citoyen qui continuera vainement de faire le pied de grue devant des guichets.