En dépit des diverses contraintes rencontrées, notamment climatiques, une véritable marée humaine a déferlé pendant la décade qu'a vécue le 15e Sila sous les chapiteaux installés sur une partie du parking du complexe Mohamed Boudiaf. Ni les pluies torrenti-elles ni les intermi-nables bouchons, encore moins les mauvaises conditions liées au stationnement ou à l'accès n'ont freiné le désir de milliers de citoyens d'accaparer des livres aux fins d'étancher leur soif de connaissances. Cette déferlante humaine n'était pas exclusivement composée de citoyens en quête de livres et de savoir, mais également de personnes ayant d'autres desseins. «Mieux vaut éviter le carrefour du 5 Juillet et ses alentours, car c'est bouché du matin au soir». Tel est le mot d'ordre circulant parmi les usagers de la route pour signifier les bouchons inextricables qui se sont formés en dépit de la levée des barrages dressés par les services de police. Sur ce volet, le stationnement était un véritable casse-tête chinois pour les automobilistes retardataires qui rencontraient toutes les difficultés du monde pour accéder au parking et pour trouver une place libre. Hormis ce problème, les piétons accédant de part et d'autre, étaient contraints de traverser les grandes flaques d'eau en empruntant des passages de fortune, faits de planches ou autres objets. La boue provenant des espaces non bitumés ne facilitait pas la tâche aux familles et autres personnes désirant se rendre aux chapiteaux. Aux alentours, les agents de sécurité et les policiers étaient aux aguets. Bon nombre de ces derniers circulaient en civil pour parer à toutes formes de troubles de l'ordre public. Si la majorité des citoyens était venue pour prendre connaissance des ouvrages présentés sur les étalages, certains étaient venus pour draguer et les occasions ne manquaient pas. «Les livres sont trop chers. Certains sont inaccessibles aux bourses moyennes», avait lancé un étudiant en quête de nouveaux ouvrages et qui finira, comme bon nombre d'autres, par repartir bredouille. Autrement dit, ces derniers ne réussiront pas à étancher leur soif de connaissances bien qu'ils aient les pieds dans l'eau… de pluie. Des commerces concomitants. Le long des chapiteaux, une nuée d'étalages proposant divers produits comestibles s'est vite constituée. Cacahuètes, amandes, pistaches et noix de cajou en sachet ou en vrac sont proposées aux citoyens. Devant la panoplie d'étalages exhalant les appétissantes odeurs de cacahuètes réchauffées au moyen de résistance, les parents étaient dans l'obligation de répondre aux caprices de leurs bambins. Les clients se bousculaient par moments devant ces étals, dont certains, se retrouvant en rupture de produits, sont vite réapprovisionnés par une personne de leur entourage. Même les vendeurs de thé, accoutrés d'habits du Sud, ont envahi les espaces adjacents aux chapiteaux, dont le sol était jonché de papier, emballage de bonbons et autres sachets de cacahuètes. Quelques rares étals proposaient des beignets au sucre. Ces derniers ont occupé des espaces stratégiques comme les accès menant du parking aux multiples accès aux chapiteaux. Bien que non autorisés, ces commerçants se plaçant en concomitance avec le «commerce des connaissances», arrange bien des citoyens qui y trouvent le plaisir d'offrir à leurs progénitures, des amuse-gueules aux fins de calmer leur faim après une longue virée dans les stands. A une extrémité, des petits chapiteaux sont dressés pour les VIP et les professionnels de l'information venus assister ou couvrir les conférences de presse et autres rencontres animées par des auteurs ou des personnalités politiques, notamment à l'occasion du 1er Novembre. Autre commerce florissant, le stationnement. Des jeunes adolescents n'ont pas manqué de soustraire quelques dizaines de dinars aux automobilistes qui étaient contraints de garer leurs véhicules le long des grandes artères et plus particulièrement devant l'entrée supérieure du complexe où se dresse la maison des fédérations. A ce propos, les milliers de voitures stationnées aussi bien sur la chaussée que sur les trottoirs ou autres terre-pleins, illustrent parfaitement la soif de connaissances qui nourrit beaucoup d'Algériens et d'Algériennes qui, comme le souligne un étudiant, «ont, des années durant, désappris à lire pour diverses raisons». Une regrettable réalité que les prochains salons arriveront peut-être à réparer.