Le secteur de l'agriculture a pris un sale coup après les pluies qui se sont abattues sur le pays ces derniers jours. Des pertes considérables ont été enregistrées aux quatre coins du pays, notamment dans les plaines du nord. Les agriculteurs de la Mitidja, comme ceux du reste du pays d'ailleurs, se sont montrés impuissants face au déferlement des eaux qui ont inondé leurs plantations. Les pertes concernent toutes les cultures, à l'image de la pomme de terre dont la récolte est prévue pour le mois de mars prochain. «J'ai perdu cinq hectares de pomme de terre, la plantation s'est faite à la fin du mois de septembre et actuellement elle baigne sous l'eau», révèle un exploitant agricole de la Mitidja. Dans cette plaine, les intempéries ont compromis la récolte d'agrumes. Tel est le cas de Youcef qui a perdu même une partie de sa récolte, abritée de surcroît dans un hangar non loin de son champ et qui a été envahi par les eaux. Le ministère de l'agriculture est pointé du doigt, et l'ensemble des exploitants fustigent les services du Dr Benaïssa pour avoir négligé les risques d'une telle catastrophe. «Le ministre avait annoncé un plan de mise en valeur des grandes plaines mais, à ce jour, rien n'a été fait, si ce n'est l'octroi de vaches laitières à certains agriculteurs», explique Ahmed L., éleveur à Boufarik. Pis encore, ajoute notre interlocuteur, «le ministre a même gelé le fond de garantie contre les calamités naturelles. Par conséquent, nous nous retrouvons livrés à nous-mêmes aujourd'hui. Les pertes sont énormes et nous n'avons contracté aucune assurance car la police d'assurance est trop chère». «Il n'y a ni drain ni brise-vent» L'exploitant de Boufarik, qui a perdu une bonne partie de sa récolte, revient à la charge pour dénoncer le bricolage des pouvoirs concernés : «nous avons perdu des quantités importantes d'oranges à cause du vent qui a dépassé les 90 km/h. Tout cela est arrivé à cause de l'abattage, sans raison d'ailleurs, des arbres qui formaient les brise-vent». Plus loin chez Ahmed, L. renchérit : «Autrefois, la Mitidja avait un système de drainage très fiable, des canaux qui acheminent les eaux pluviales vers les ruisselets de la région. Mais, depuis des années, les services en charge du secteur de l'agriculture ont complètement abandonné ces drains, ils sont pour la plupart bouchés». Un expert en la matière nous fait savoir que le système de drainage de la Mitidja faisait l'objet d'étude de la part de plusieurs pays occidentaux, vu son efficacité. Aujourd'hui et après l'abandon de ce système, les agriculteurs de la région subissent seuls des pertes considérables que même l'Etat ne reconnaît pas. «Plusieurs hectares de tomate industrielle sont en danger de pourrissement dans la wilaya d'El Tarf pour cause d'eau, une partie de la wilaya d'Annaba a même perdu son cheptel bovin», a-t-il dit. Nous avons tenté de joindre le ministère de l'agriculture pour de plus amples explications, mais en vain. Il en est de même des services agricoles des wilayas d'Alger et de Blida qui ont refusé tout commentaire à ce sujet. Selon un agriculteur, les pertes se chiffrent en milliards : «Il ne faut pas oublier que nous sommes à la mi-automne, il reste encore l'hiver qui s'annonce très pluvieux cette année», a-t-il conclu.