«Nous ne sommes pas sur la liste noire, nous l'avons jamais été et nous ne le serons jamais grâce à nos travailleurs.» Cette sentence est de Wahid Bouabdallah, PDG d'Air Algérie, qui a été auditionné mercredi par les responsables de la sécurité aérienne européenne (EASA), par laquelle il contredit les rapports de la presse, qui ont causé, selon lui, beaucoup de tort à la compagnie nationale. Auditionné mercredi par l'EASA, M. Bouabdallah a affirmé qu'Air Algérie a présenté un plan correctif pour toutes les mesures liées à la sécurité aérienne, qui a été, selon lui, très bien reçu par les responsables de l'EASA. «Nous avons présenté un plan correctif de toutes les mesures à prendre», a-t-il précisé hier sur les ondes de la Chaîne III. Le plan englobe, selon lui, tous les métier d'Air Algérie, notamment les opérations au sol, le traitement de l'avion (cabine, moteur avionique et train d'atterrissage). «Il comprend aussi toutes les procédures comme l'étiquetage des matières dangereuses», a-t-il ajouté, affirmant qu'un corps d'inspecteurs à Air Algérie a été créé à cet effet «et les résultats sont très satisfaisants». M. Bouabdallah a affirmé que la compagnie nationale ne figure pas sur la liste noire européenne. «C'est notre presse qui en a fait écho», accuse M. Bouabdallah, affirmant qu'elle a causé beaucoup de tort à la compagnie nationale. «Nous ne sommes pas sur la liste noire, nous l'avons jamais été et nous ne le serons jamais grâce à nos travailleurs», tranche-il, reconnaissant toutefois à propos des anomalies, qu'il y en aura toujours. Celles-ci, dues à l'exploitation des avions, ne doivent pas, selon le PDG d'Air Algérie, «être récurrentes ou générées par oubli ou mauvaise surveillance». L'invité de la Chaîne III estime que le plan de surveillance auquel est soumise Air Algérie, à l'instar de toutes les compagnies qui empruntent le ciel européen, est suivi de façon normale. «Nous avons fait une présentation d'une demi-heure qui a été très bien reçue», a-t-il dit, la qualifiant de «satisfaisante». Pour preuve, «il n'y a même pas eu de débat», s'est réjouit M. Bouabdallah, expliquant que l'audition «entre dans le tunnel normal des contrôles et d'inspection sur l'Europe». Le PDG d'Air Algérie affirme qu'il n'y avait aucun problème de navigabilité. «Quand il y a une moquette qui se détache par exemple, c'est un problème de navigabilité», précise-il, avouant que «c'est sur ce genre de chapitre que nous avons été coincés plusieurs fois. Mais on ne nous a jamais fait de remarques sur un problème de moteur, de radar ou d'avionique», a-t-il soutenu. «On s'y attelle et des progrès seront enregistrés de façon permanente», rassure-t-il. La sécurité, une culture chez Air Algérie S'exprimant sur le contrôle subi par la compagnie nationale par des inspecteurs de l'Union européenne, M. Bouabdallah dira : «Nous avons eu des inspecteurs sur notre demande et d'autres inspecteurs (3) de l'Union européenne qui sont venus et ont contrôlé tous les métiers d'Air Algérie ainsi que ses avions.» Une visite qui a consacré l'attribution à l'Algérie, selon M. Bouabdallah, de l'homologation européenne dite Part 145 qui permettra à Air Algérie d'intervenir sur tous les avions qui empruntent le ciel européen. «Nous avons eu ce certificat et il n'y a eu aucun écart», s'est réjouit le patron d'Air Algérie, qui pense par contre qu'il faut toujours être vigilants. «Il faut continuer sur cet effort et il n'y aura aucun problème», dit-il, affirmant que les travailleurs de la compagnie nationale «ont intégré dans leur culture l'aspect sécurité». Interrogé sur les actions que va engager Air Algérie à cet effet, M. Bouabdallah a indiqué que ce seront plutôt des actions d'investissement que sa compagnie s'apprête à engager. «Il y a des actions d'investissement à mener sur les cabines, le stock de pièces de rechange opérationnel, l'entretien en ligne et la formation», précisera-il, tout en annonçant un montant d'investissement consenti de l'ordre de 65 millions de dollars «en ce qui concerne les cabines et le matériel». Le plan de renouvellement de flotte engagé par la compagnie va conforter, selon lui, et améliorer la situation actuelle. M. Bouabdallah a révélé le lancement en 2011 d'un plan d'investissement d'un montant de 400 millions d'euros. «L'affaire de la sécurité n'est pas seulement celle d'Air Algérie, c'est l'affaire de tout le monde», a-t-il dit, rappelant le soutien du gouvernement à la démarche de sa compagnie. Le PDG d'Air Algérie a annoncé la réception pour aujourd'hui d'un troisième avion dans le cadre de ce plan, un Boeing 737, et la réception de quatre autres pour le premier semestre 2011. Dans le même contexte, M. Bouabdallah a évoqué un autre plan de renouvellement pour certains gros porteurs et l'achat de deux avions sanitaires pour le transfert des malades, estimant que la Cnas est souvent rackettée par certains transporteurs spécialisés. La vieille flotte d'Air Algérie sera vendue, selon lui, «sous forme de ferraille», à partir de la fin de l'année, une opération qui va rapporter «15 millions de dollars», affirmera M. Bouabdallah, qui promet une amélioration «rapide» des prestations. Il dira que la compagnie s'attelle également à mettre fin au problème récurent des retards. «L'opération hadj s'est bien déroulée» S'agissant de l'opération du hadj, qui s'est «globalement bien déroulée, même s'il y avait eu un problème dans un avion, qui n'a pas causé de dégâts et quelques retards», il a souligné qu'Air Algérie «a comme d'habitude recouru à l'affrètement», car la compagnie enregistre des pics de charge des avions en de pareilles occasions, remettant en cause «le fait qu'on diabolise l'affrètement». Celui-ci a coûté 340 millions de dinars de pertes à la compagnie «à cause d'un pseudo président d'une association de techniciens de maintenance qui n'existe pas», accuse-t-il. L'affrètement, selon lui, coûte certainement cher mais il est rentable. Pour le retour des 18150 hadji transportés par Air Algérie, M. Bouabdallah prévoit une «première semaine infernale» mais dont la cause ne sera pas Air Algérie mais le traitement des passagers. «Il faut que les agences de voyages soient disciplinées», a-t-il prôné, révélant qu'Air Algérie a loué une zone de pré-embarquement «pour ne pas laisser nos voyageur partir à l'assaut des salles d'embarquement qui ne sont pas les nôtres».