La tuerie se poursuit au Sahara occidental, le régime despotique marocain n'étant pas près d'arrêter la répression contre la population civile. Alors que les voix dénonçant l'attaque meurtrière du camp de réfugiés de Gdeim Izik ne se sont pas encore tues, les troupes du Makhzen s'attaquent maintenant à la population civile de Smara. L'ampleur de l'agression criminelle commencée le 8 novembre dernier par les forces d'occupation marocaines contre la population civile sahraouie du campement de Gdeim Izig laisse pantois. La population terrorisée continue de compter ses morts, ses blessés et ses disparus. «La liste des morts, des blessés et des disparus ne cesse de s'allonger au fil des heures», a fait savoir le ministre de la communication sahraoui. Hier encore, l'armée, la police et la gendarmerie ont continué leurs attaques contre les citoyens. Les arrestations, notamment des défenseurs des droits de l'homme, se font à la pelle. Des familles entières sont arrêtées, avec des kidnappings de jeunes et de moins jeunes, surtout dans les quartiers de Skeikima, Bucraa et Mattalla. Dans les quartiers de l'est de la ville d'El Ayoun, comme Raha et Duerat, le saccage des maisons continue et l'on oblige les citoyens sahraouis à crier à haute voix «Vive le Roi», «Sahara marocain». Mieux encore, des hommes du roi habillés en civil, policiers, gendarmes et militaires, hommes et femmes scandent les mêmes slogans dans le but de créer des divisions au sein des populations sahraouies et de prendre quelques clichés qui seront retransmis dans les médias marocains. «Les sahraouis ne sont pas dupes ; le monde entier sait que les sahraouis sont unis autour de leur noble cause», a affirmé un responsable du front Polisario. L'armée marocaine a procédé en outre au vol de véhicules de sahraouis qu'elle brûle en pleine rue après avoir arrêté leurs occupants qui seront orientés vers une destination inconnue. Les détentions dont l'armée et la police se rendent coupables n'épargnent personne, et notamment pas les jeunes sans discrimination et les défenseurs des droits de l'homme qui constituent une cible de choix. Des sources dignes de foi font état de plus de plus de 2000 personnes emprisonnées. Beaucoup d'autres Sahraouis ont été libérés après avoir été sauvagement torturés. Blessés à la suite de la torture, ils refusent de se rendre à l'hôpital de peur d'y être enlevés et emprisonnés de nouveau. Les centres de détention sont situés dans la Carcel negra, le quartier général de la police, le dépôt des forces auxiliaires, le centre à Lehcheicha à l'est de la ville d'El Ayoun, le collège Allal Ben Abdalla, les deux centres sportifs à El Ayoun et le centre à la plage, à 25 km d'El Ayoun. «Des corps jonchent le sol à Gdeim Izik» Le nombre de blessés dépasse les 4500 personnes qui se terrent chez elles. Certains meurent des suites de leurs blessures. C'est le cas du jeune militant Abdeslam El Ansari, arrêté, emprisonné et torturé, qui a succombé à ses blessures une fois libéré. Ce cas n'est le seul : parmi les 4 500 blessés, il y aura encore des morts, dit-on. «C'est ce qu'on appelle non- assistance à personne en danger» a révélé une militante française. Plusieurs autres témoins qui se trouvent sur place ont révélé qu'«il existe des dizaines de corps qui jonchent le sol aux alentours du campement de Gdeim Izik et dans la partie est de la ville d'El Ayoun et le nombre de disparus se compte par centaines». Le bouclage du territoire sahraoui par le Maroc, qui a rendu son accès quasiment impossible aux médias et aux observateurs internationaux, fait que les comptes sont extrêmement difficiles à effectuer, et que les informations arrivent au compte-gouttes. Après les massacres d'El Ayoun, les services marocains ont réprimé avec une force et une sauvagerie indescriptibles la ville sahraouie de Smara. Cette localité est le théâtre de violentes manifestations organisées par des jeunes étudiants en solidarité avec leurs concitoyens d'El Ayoun. L'intervention de la police a été des plus forcenées et des arrestations ont été signalées.