A la veille de la fête de l'Aïd El Adha, la ville d'Alger vit une ambiance singulière. Outre les marchés et les magasins d'habillement qui ne désemplissent pas, la gare routière et ferroviaire d'Alger enregistre un mouvement extraordinaire depuis quelques jours déjà. Près de 20 000 personnes y transitent chaque jour. L'ambiance atteint son comble à Alger. Un monde fou envahit les grandes artères comme Didouche Mourad, Larbi Ben M'hidi ou encore le boulevard de Dély Ibrahim et Chéraga. C'est l'effervescence partout. Contrairement à d'habitude, les boutiques et magasins d'habillement ont ouvert de bonne heure hier, permettant aux parents retardataires d'acheter de nouvelles tenues vestimentaires pour leur progéniture. Certes les prix ont flambé d'un coup, mais c'est «l'amende à payer pour les derniers en liste», souligne avec ironie une mère de famille rencontrée dans une boutique à Didouche Mourad. Très pressée, elle se dépêche de passer à la caisse sans négocier les prix. Elle doit prendre le train pour Constantine de bonne heure et faire ses achats avant de se lancer dans d'autres préparatifs de dernière minute. Pour elle, il est impératif de partager cette fête avec les siens. Les routes et les autoroutes d'Alger ont connu un trafic très dense. Des bouchons étaient à déplorer à toute heure de la journée. Au quartier d'El Mouradia, les automobilistes ont été obligés de patienter sous un soleil de plomb pendant plus de trois quarts d'heure avant le lancement du sifflet du policier. Le centre commercial Le Printemps a suscité un grand engouement et a été à l'origine de bouchons dans ce quartier populaire. Idem pour le boulevard de Dély Ibrahim et la rue Didouche Mourad où un bain de foule est constaté. Une masse extraordinaire a inondé les magasins et boutiques de ces deux quartiers. Les quais de départ de la gare routière d'Alger enregistrent, par ailleurs, un grand rush de voyageurs. Cet afflux qui s'étend aux gares ferroviaires d'Alger était perceptible depuis les premières heures de la matinée d'hier. Les guichets sont pris d'assaut par des centaines de voyageurs pour différentes destinations du pays. Tout le monde se bouscule devant les guichets. Un décor désolant imputé au manque de civisme, mais aussi au manque de moyens de transport. Les chauffeurs de taxi les plus ardus ne ratent pas l'occasion et vont à la recherche des voyageurs. Ils les abordent pour leur proposer leurs services à des prix certainement inaccessibles. Le nombre de départs augmente de jour en jour, alors que les voyageurs craignaient que la grève annoncée par les chauffeurs d'autocars, qui demandent l'annulation du prix d'accès à la gare, ne s'enclenche. Heureusement que ces derniers ont préféré temporiser. D'ailleurs, la flotte des autocars a pratiquement doublé pour transporter le grand nombre de passagers. Pour la gare ferroviaire de l'Agha, une activité inhabituelle est enregistrée. Un trafic dense de départs et d'arrivées de beaucoup de voyageurs est constaté en cette période et la destination vers les grandes lignes est autant demandée que celle de la banlieue algéroise. Les agents de la gare affirment qu'un flux plus important est attendu pour aujourd'hui (lundi), veille de l'Aïd. Il ajoute avec un sourire ironique : «A partir de demain, Alger sera à nous ! Quel bonheur !»