Dominique de Villepin accuse Nicolas Sarkozy dans l'affaire de l'attentat de Karachi. Vendredi soir, l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac a fait état de «soupçons» de corruption pesant sur la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995. Interrogé sur TF1, Dominique de Villepin a déclaré qu'il voulait être entendu par la justice «le plus rapidement possible (...) et si possible dès la semaine prochaine». Secrétaire général de l'Elysée sous la présidence de Jacques Chirac, il a confirmé l'existence de «très forts soupçons de rétrocommissions» – c'est-à-dire des faits de corruption très graves, et ce, en marge d'un contrat d'armement avec le Pakistan en 1994. Il a expliqué que Jacques Chirac, en arrivant à l'Elysée en 1995, avait «souhaité moraliser la vie publique internationale, c'est-à-dire interrompre tous les contrats qui avaient ou pouvaient donner lieu à rétrocommissions», une pratique courante, notamment dans les pays occidentaux. L'ancien Premier ministre a assuré qu'il n'avait eu à l'époque «aucune information spécifique circonstanciée» sur un risque terroriste en cas d'arrêt de versement des commissions. Ces commissions «revenaient vers la France vers des personnalités politiques ou non politiques», selon l'ancien Premier ministre. Mais selon une piste suivie par la justice, l'argent a servi à la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole. Les enquêteurs du Luxembourg estiment ainsi que l'actuel président a supervisé, à l'époque, la création de plusieurs sociétés luxembourgeoises par lesquelles ont transité toutes les commissions. La réponse de l'Elysée ne s'est pas fait attendre. Peu après l'intervention de Dominique de Villepin, le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, a dénoncé une «rumeur malveillante» et des «insinuations» visant le président Nicolas Sarkozy. Le plus proche collaborateur du président français évoque, dans un communiqué, des «approximations» et «allégations calomnieuses, parfois présentées comme de prétendues certitudes, portées contre la personne ou l'action de Nicolas Sarkozy et qui ne reposent cependant sur aucun commencement de preuve». «Affirmer sans autre forme de procès que les conditions du marché d'armement Agosta avec le Pakistan auraient eu pour conséquence de contribuer illégalement au financement de la campagne électorale du Premier ministre de l'époque, dont les comptes ont été validés par le Conseil constitutionnel, relève de la rumeur malveillante qui vise à jeter le discrédit sur la vie politique de notre pays», ajoute-t-il. Certains politiques français s'interrogent sur la sortie de l'Elysée en estimant que la justice doit enquêter sur les déclarations de l'ancien Premier ministre de Villepin et de prouver les accusions portées à l'encontre du président Sarkozy.