Alors qu'un rapport de l'OMS plaçait l'Algérie parmi les pays les moins exposés à la maladie du sida, le Docteur Abdelkader Soufi président de l'association de lutte contre les infections sexuellement transmissibles et de promotion de la santé annonçait 600 cas de nouveaux cas recensés depuis le début de l'année. Les chiffres du Docteur Soufi, comme l'appréciation de l'organisation internationale ont un point commun : ils sont le résultat de données accessibles dont on connaît rarement la proportion par rapport aux données réelles. L'année dernière à la même période, le même Docteur Soufi déclarait que " des milliers d'algériens sont séropositifs sans le savoir ". Ce médecin, qui manifestement ne partage pas l'optimisme tapageur que pourrait susciter le " bon point ", doit avoir de bonnes raisons de ne pas s'enflammer. En tous cas il doit savoir de quoi il parle, puisqu'en plus de ses compétences scientifiques, il semble engagé de manière déterminée et enthousiaste dans la lutte contre la maladie. Et il a raison d'être déterminé, le Docteur Soufi comme tous ceux qui se sont impliqués dans ce combat, parce qu'il y a vraiment du travail. Au milieu des années 90, alors qu'on nous annonçait au compte-gouttes quelques dizaines de malades qui sont toujours des " drogués " ou ont " attrapé la chose à l'étranger ", on découvre que 60% des étudiantes interrogées dans le cadre d'une enquête pensaient se prémunir contre le virus du sida en prenant la… pilule contraceptive ! Dans un pays où la majorité des étudiantes universitaires ne savent pas se protéger, ne connaissent pas les moyens les plus élémentaires et les plus accessibles et les plus efficaces jusque là, on comprend comment des milliers d'algériens peuvent être séropositif sans le savoir, comme le disait à juste titre, le Docteur Soufi. Il suffit de guetter discrètement dans une pharmacie pour se rendre compte à quel point la guerre censée être faite au sida est une vue de l'esprit, tellement la précaution la plus élémentaire pour se prémunir de la maladie est problématique. D'abord, les acheteurs de préservatifs, il n'y en a pas des masses. Et quand il y en a un, il faut voir avec quel zèle dans la discrétion, avec quel "honte", il passe sa commande à l'oreille d'un vendeur appelé à un aparté pathétique, et avec quelles précautions on va le lui dénicher dans un coin avant de l'emballer sous le présentoir comme s'il s'agissait d'une arme atomique à manipuler avec le plus grand soin. Pour combattre une maladie d'une telle ampleur et d'un tel péril, la moindre des choses est, comme on dit, de " mettre tous les atouts de son côté. Or, en plus du retard en savoir-faire et en logistique de combat, voilà qu'on traine d'autres boulets qui font qu'on ne sait plus vraiment si on doit lutter contre la maladie ou la cacher. Il serait intéressant de voir comment se passera sur le terrain la campagne de protection des femmes et des enfants que compte lancer le Docteur Soufi à partir de Ghardaïa à l'occasion de la journée internationale de lutte contre le sida. Eh, oui les choses les plus simples en la matière deviennent problématiques chez nous. Difficile alors de croire qu'on est parmi les mieux protégés dans le monde. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir