Le projet de création d'une zone maghrébine de libre-échange devait être finalisé avant fin 2010 par le groupe de travail installé lors de la 9e session du conseil des ministres maghrébins du Commerce, tenue en mai à Tripoli. Le secrétaire général de l'Union du Maghreb arabe (UMA), Lahbib Benyahia, a annoncé, hier à Alger, que la convention portant création de la zone maghrébine de libre-échange sera présentée aux ministres du Commerce des pays de l'Union du Maghreb, puis aux ministres des Affaires étrangères. «La convention relative à la création de cette zone est fin prête et sera signée par les ministres du commerce des pays de l'UMA avant de la soumettre au Conseil des ministres des Affaires étrangères», a-t-il précisé dans son intervention à l'occasion de la tenue de la 16e session de la commission ministérielle maghrébine chargée de la sécurité alimentaire. Lancée en 1991, la zone maghrébine de libre-échange verra finalement le jour en 2011, a-t-il annoncé, poursuivant que les produits agricoles, les produits agricoles transformés et ceux de la pêche seront échangés dans le cadre de cette zone. De l'avis du ministre tunisien de l'Agriculture, la création de cette zone favorisera une hausse des échanges commerciaux entre les pays de l'UMA. Ces échanges, pour rappel, ne dépassent pas les 3%. La volonté des partenaires maghrébins d'augmenter les échanges dans le secteur agricole devra être suivie par une concrétisation de cet objectif, a estimé le ministre tunisien dans une déclaration en marge des travaux de la 16e session. Cependant, même si les ministres des pays maghrébins n'ont eu de cesse d'appeler leurs gouvernements à accélérer la création de la zone de libre-échange, il n'en demeure pas moins que l'annonce de sa création effective en 2011 reste au stade théorique. Car, en 2007 déjà, d'autres appels avaient été lancés et des groupes de travail installés, sans pour autant aboutir au lancement effectif de la dite zone. Pourtant l'accélération de la création de la zone s'est imposée par la libéralisation des marchés et l'ouverture de nouvelles zones de libre-échange dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce et des conventions bilatérales ou régionales. Dans les communications des différents ministres de l'agriculture participant à la rencontre, un accent a été mis sur l'indispensabilité de placer le secteur agricole au cœur des politiques nationales des pays de l'UMA, de façon à limiter l'impact des déséquilibres entre l'offre et la demande sur les marchés de ces pays. 30 milliards de dollars de déficit agricole «Le déficit entre les importations des produits agricoles et la production agricole des pays de l'UMA est de 30 milliards de dollars», a alerté le libyen Abdelmadjid Al Mabrouk Al Kaoud, secrétaire du Comité populaire de l'agriculture et des ressources animales. Pour sa part, le représentant de l'Union des agriculteurs maghrébins a qualifié d' «inadmissible» de recourir à l'importation à partir de pays étrangers, alors qu'il est possible aux nations maghrébines de s'orienter vers les marchés de leurs voisins pour s'approvisionner en produits disponibles dans ces pays. «Nous devons créer un marché maghrébin commun», a-t-il souhaité. Pour le ministre algérien de l'Agriculture, Rachid Benaïssa, les pays maghrébins ont compris l'importance de garantir la sécurité alimentaire dans le Maghreb. Dans ce sens, la 15e session ministérielle maghrébine chargée de la sécurité alimentaire a déjà retenu le projet d'élaborer «une vision commune de l'agriculture à l'horizon 2030». Concernant les domaines qui ont fait l'objet d'une collaboration entre les pays maghrébins, Rachid Benaïssa a évoqué notamment la lutte contre le criquet-pèlerin et les maladies animales et l'engagement d'actions communes de protection sanitaire et phytosanitaire.