Dans les années 1970, l'émission Alhane Oua Chabab était l'une des meilleures et des plus suivies de la télévision algérienne. L'émission qui avait été animée par plusieurs artistes notamment Seloua et Mouati Bachir était bien conçue. Des jeunes se rencontraient chaque semaine pour le concours de chants. La télévision leur assurait quelques répétitions et l'accompagnement par un orchestre de professionnels dirigés par le défunt Mouati Bachir. Cette émission a vu l'émergence de talentueux chanteurs et chanteuses dont Nardjess, Nadia Benyoucef, Youcef Boukhentache et la défunte Zoulikha pour ne citer que ceux-là. Avant de passer à l'émission, tous les jeunes concurrents étaient déjà prêts à affronter le public et avaient un certain niveau requis. C'est-à-dire que les producteurs et animateurs de l'émission avaient placé la barre haute. Les jeunes qui étaient éliminés profitaient quand même des conseils donnés par les grands artistes qu'étaient Seloua et Mouati Bachir. Certains nostalgiques qui croyaient bien faire en demandant la relance de l'émission auraient dû faire appel à Seloua qui est toujours en forme pour au moins profiter de ses conseils au lieu de relancer une émission qui n'a gardé que l'intitulé Alhane Oua Chabab. A voir certains passages, on croirait que cette émission est comique. Les moyens sont pourtant nettement meilleurs que ceux des années 1970. On ne sait pas à quoi sert le nouveau slogan Awdet El Madrassa (le retour de l'école) quand on voit des jeunes qui n'ont aucun lien avec l'art et n'ayant aucune base pour pouvoir chanter en face d'un jury souvent prêt à sourire avec mépris devant le passage d'innocents qui tentent d'imiter quelque cheb ou chebba. Ces membres du jury savent pourtant bien que pour chanter il faut d'abord avoir une bonne diction, un minimum de connaissance en solfège, pouvoir chanter tout en se faisant accompagner d'un orchestre. On ne sait tout de même pas comment ces membres du jury vont détecter des chanteurs quand eux-mêmes ne prennent pas les choses au sérieux. Certains jeunes qui passent à l'émission nous font pitié. Les producteurs de cette émission devraient prendre la leçon des Tunisiens qui ont conçu l'émission Sofiane Show destinée aux enfants. Ces derniers, qui passent avec des tenues réalisées spécialement pour l'émission devant un véritable décor, sont appelés à chanter une chanson de leur choix mais le jury les surprend souvent en leur exigeant une autre du terroir. En Tunisie, la barre est tellement mise haut que leurs enfants qui ne dépassent pas les 10 ans chantent souvent mieux que beaucoup de ceux qu'on prend chez nous pour des professionnels. C'est normal lorsqu'on n'exige rien pour passer à l'écran de la télévision nationale.