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«Il y a dérogation aux décisions du président de la République» L'Unal tire sur la Badr et l'administration à propos de l'effacement des dettes des agriculteurs :
Des lettres ont été adressées à plusieurs reprises par l'Unal au président de la République, le sollicitant d'intervenir pour mettre un terme à ce qu'il qualifiait de «douloureuse situation», mais sans aucun écho jusqu'à présent. «Sommes-nous concernés ou non par la mesure d'effacement des dettes des agriculteurs ?», s'est demandé Abdelghani Ben Ali de l'Association nationale de la promotion rurale (ANPR), lors d'une conférence tenue hier à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Cette conférence qui avait pour thème «La sécurité alimentaire et le développement agricole et son impact sur les zones rurales» a vu la présence de plusieurs agriculteurs venus des quatre coins de la wilaya, mais aussi de celle de Bouira. Tous soucieux de la situation dans laquelle ils se trouvent après la décision du président de la République Abdelaziz Bouteflika de supprimer les dettes de tous les agriculteurs algériens. En effet, il se trouve que plusieurs agriculteurs surtout dans les deux wilayas de Tizi Ouzou et Bouira sont toujours considérés par la Badr comme étant endettés. «Cet organisme réclame à présent sans ménagement le remboursement du crédit, avec en plus les intérêts et agios accumulés», précise-t-on. Pour cela, l'invité de l'ANPR, Gaïd Salah, président de l'Union nationale des agriculteurs libres (Unal), s'est demandé si cette banque est une institution financière ou politique qui s'ingère dans les décisions de l'Etat. Les agriculteurs continuent toujours de rembourser leurs crédits aux projets financés dans le cadre de l'Ansej et de la Cnac, et qui ne dépassent pas, selon M. Ben Ali, dans leur majorité, dix millions de dinars (1 milliard de centimes). Ce n'est pas tout, car la Badr a entamé des poursuites judiciaires contre les concernés. «Des huissiers de justice frappent désormais à nos portes», explique le même interlocuteur, qui ajoute que le prétexte de la banque en question et de l'administration des institutions régionales relevant du ministère de l'Agriculture qui refuse d'effacer leurs dettes ne tient pas la route. Elles estiment que ceux qui possèdent du matériel ou un registre du commerce – considérés comme des industriels – ne peuvent pas bénéficier de la mesure d'effacement. Une bureaucratie à laquelle devra faire face un bon nombre d'agriculteurs des deux régions précitées. Il y a aussi la menace de saisie des biens des paysans en cas de non-remboursement, c'est pourquoi les présents à la conférence d'hier ont tiré la sonnette d'alarme quant aux «dépassements irréfléchis des responsables en charge du dossier, qui par leurs actes, menacent des familles entières». Par ailleurs, et au moment où la décision de Bouteflika est appliquée dans toutes les wilayas du pays, Tizi Ouzou et Bouira restent les seules confrontées au «diktat» des responsables incompétents, ajoute-t-on. Le 28 février 2009, en déplacement dans la wilaya de Biskra, le président, candidat à sa réélection pour la deuxième fois, a déclaré devant plus de 5000 agriculteurs que leurs dettes sont totalement effacées et aucune des institutions de l'Etat ne pourra désormais leur demander des comptes. 41 milliards DA est la somme totale que le Trésor public se chargera de régulariser auprès des institutions financières. «Où sont donc les 41 milliards de dinars si les agriculteurs restent toujours endettés ?» C'est la question que posera pour sa part Salah Gaïd, qui ne ménagera pas aussi de tirer sur l'Union nationale des paysans algériens (Unpa), et son secrétaire général, Mohamed Alioui, sans le nommer. Ce syndicat n'a, aux yeux de M. Gaïd, aucune crédibilité pour parler au nom des paysans algériens. «Personne n'a délégué ce syndicat pour négocier notre situation vis-à vis de la Badr, lui qui manque de clarté et de franchise», a-t-il lâché. Le président de l'Unal a appelé à l'occasion à l'installation d'une commission nationale d'enquête sur la gestion de l'argent destiné au remboursement des dettes des agriculteurs. Dans le même registre, des lettres, dont Le Temps d'Algérie détient des copies, ont été adressées à plusieurs reprises par l'Unal au président de la République, le sollicitant d'intervenir pour mettre un terme à ce qu'il qualifie de «douloureuse situation». Des copies ont été aussi adressées au Premier ministre, aux ministères de l'Agriculture, des Finances ainsi qu'à la Chambre nationale de l'agriculture. A cela, les expéditeurs déplorent qu'«aucun écho n'est parvenu pour l'instant des destinataires». Durant les débats, plusieurs intervenants se sont succédés au micro pour exprimer leur ras-le-bol, mais aussi pour dénoncer cette manière de casser l'agriculteur local en encourageant les barons du tout-import, qui ne cessent de saigner les finances du pays. Le secteur de l'agriculture qui s'est vu attribuer la somme de 1000 milliards de dinars en prévision du programme quinquennal 2010-2014 lancé par le président de la République est en face d'un dossier qui pèse en effet trop lourd sur la gestion de l'argent du Trésor public, du moment que les agriculteurs se plaignent de «l'injustice», alors que 41 milliards DA ont été injectés pour qu'ils soient régularisés auprès des institutions financières du pays !