Une famille de douze personnes se retrouve depuis hier à la rue, à proximité de la salle omnisports Harcha Hacène, après avoir été expulsée de l'appartement qu'elle occupait depuis le début des années 1960 par le propriétaire de l'immeuble. Mourad, l'un des membres de cette famille, déplore cette décision de justice : «Nous avons eu gain de cause en 2006 et après cette date, c'est une décision arbitraire». Selon ammi Saïd, un vieil homme habitant le quartier et voisin de la famille, «le propriétaire est un harki qui a acheté cet immeuble vers la fin de la guerre d'Algérie. Mourad et ses frères et sœurs étaient là bien avant lui». Jouant sur l'ignorance de la vieille mère, ce dernier lui a fait signer des papiers où elle a déclaré n'habiter l'appartement que depuis 1968. Une femme dont l'état de santé s'est fortement dégradé. «Ma mère est très malade. Elle vit grâce à un pacemaker et avec ce froid glacial, je peux vous affirmer qu'elle aura du mal à supporter ces conditions climatiques. Hier soir, nous avons dû la transporter en urgence à l'hôpital pour une perfusion». Lors de l'arrivée sur les lieux des forces de l'ordre qui ont accompagné hier l'huissier de justice, des échauffourées ont éclaté entre les policiers et les jeunes du quartier, décidés à réagir afin de venir en aide à cette famille. «Nous allons faire entendre nos voix, Mourad et sa famille doivent être relogés ici ou ailleurs. Lorsque leur grand-père faisait la guerre contre l'occupant, le propriétaire de cet immeuble achetait, on ne sait avec quel argent, des bâtisses aux colons», informe Smaïl, qui connaît la famille depuis les années 1960. Le président de l'APC de Sidi M'hamed et son staff se sont déplacés à la salle Harcha Hacène pour demander à cette famille de déplacer ses meubles ! Des paroles qui ont ébranlé les habitants du quartier et donné lieu à des rixes entre jeunes et policiers. Hier, Mourad et son frère ont été reçus par le maire afin de trouver une solution à leur problème. Les voisins de la famille menacent et se disent prêts à tout affrontement. «Nous n'allons pas nous taire, c'est injuste», tonne Smaïl. L'expulsion de cette famille coïncide malheureusement avec la vague de froid qui s'abat sur le pays, ce qui remet encore une fois sur la table le sujet des expulsions en période hivernale, à l'image de l'expulsion, l'année écoulée, de plusieurs familles à Constantine qui a été à l'origine de l'éclatement d'émeutes.