Abdelghani Hamel, directeur général de la Sûreté nationale, a reconnu l'existence de «fautes très graves» qui ont poussé le jeune Kamel Tifouti, à se donner la mort par pendaison dans l'enceinte du commissariat de Constantine, il y a de cela plus d'une dizaine de jours. «Des fautes très graves ont été constatées par la commission dépêchée à partir de la centrale pour enquêter sur la mort de cette personne. Des sanctions ont été prises et un procès-verbal a été établi et transmis à la justice», a indiqué hier le patron de la Dgsn sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale. Il rappellera que dans le cadre du traitement de cette affaire par la justice, deux commissaires, un officier de police et un inspecteur de la Dgsn ont été placés sous mandat de dépôt, tandis que trois autres agents de l'ordre public (AOP) sont sous contrôle judiciaire. De l'avis du général Abdelghani Hamel, l'erreur la plus impardonnable commise par ces policiers, poursuivis pour «négligence grave» ayant entraîné le suicide du jeune Kamel Tifouti, est le fait que les policiers qui l'ont placé en garde à vue ne lui ont pas retiré toute sorte d'objet attentatoire à l'intégrité physique d'une personne. «On a laissé les lacets avec lesquels elle s'est suicidés à la personne gardée à vue à Constantine», précisera le patron de la Dgsn, pour qui ce genre d'omission est inadmissible. Il fera savoir que «les officiers de police poursuivis dans le cadre de cette affaire seront sanctionnés davantage», a encore insisté Abdelghani Hamel, avant d'ajouter : «Avant de songer aux sanctions, il faut d'abord sensibiliser le personnel de la police et rappeler les dispositions énoncées dans le code de procédure pénale.» «Il y a plus de rapine que de corruption dans la police» Le même intervenant persiste et signe en affirmant qu'il ne tolère aucun abus en matière de garde à vue, qui est de son avis exercé sous le contrôle du procureur de la République. «L'attention est accordée au respect des droits et de la dignité humaine à travers l'aménagement des locaux, l'amélioration de l'alimentation, l'information de la famille, les visites familiales et la constitution d'un avocat. La traçabilité est de rigueur parce qu'elle est prévue par les textes. Je ne tolère aucun abus, aucune insuffisance ou négligence. Dans ce cadre, sans préjudice des poursuites pénales, des sanctions disciplinaires lourdes seront prononcées si des violations relatives à la garde à vue sont établies», dira-t-il. Le patron de la Dgns récuse par ailleurs toute idée selon laquelle la corruption est répandue au sein de la corporation de la police algérienne. «Il y a plus de rapine que de corruption», dira-t-il, en rappelant que depuis son installation à la tête de la Dgsn, seuls deux cas de corruption ont été détectés et leurs auteurs sévèrement sanctionnés et traduits devant la justice. Il lance un appel à l'ensemble de la corporation de la Dgsn lui demandant de faire preuve d'un comportement exemplaire, d'être digne et de s'éloigner de toute sorte de dérives. 50% d'augmentation de salaires à partir de janvier 2011 S'exprimant sur le nouveau régime indemnitaire de la police accompagnant le statut particulier de cette corporation, le premier responsable de la Dgsn dira que ce nouveau régime permet une augmentation de 50% des salaires de la police. Ce nouveau régime comprend plusieurs indemnités ayant trait aux risques du métier, à la fonction d'astreinte policière et de zone. La totalité des indemnités sera versée à partir de janvier 2011, avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2008. Au sujet du nouveau statut du policier paraphé tout récemment par le Premier ministre, celui-ci permettra, de l'avis de Abdelghani Hamel, la création de nouveaux grades au sein de la Dgns «pour rendre le déroulement des carrières plus harmonieux et permettre un meilleur encadrement des agents». L'invité de la Chaîne III a encore précisé que les élèves officiers de la police achèveront leur formation au niveau de l'Académie interarmes de Cherchell et que les durées de formation seront prolongées de deux années pour les agents et les lieutenants de police.