Dilma Rousseff, 63 ans, est devenue samedi la première femme à diriger le Brésil, sous l'ombre de son charismatique prédécesseur et parrain politique, Luiz Inacio Lula da Silva. Symbole de cette transmission, Lula, souriant, a passé à sa dauphine, revêtue d'un sobre tailleur blanc, l'écharpe présidentielle verte et jaune aux couleurs du Brésil. Elle était arrivée quelques instants plus tôt dans la Rolls-Royce présidentielle, sous une pluie battante, escortée pour la première fois par six femmes des services de sécurité. Plusieurs milliers de personnes massées devant le palais présidentiel du Planalto, à Brasilia, ont acclamée la nouvelle présidente. Dilma Rousseff a ensuite prêté serment sur la Constitution brésilienne, devant les députés et sénateurs et un parterre de chefs d'Etat et de gouvernement étrangers réunis au Congrès. Longuement ovationnée par les parlementaires, aux cris de «Dilma, Dilma», elle a prononcé un discours dans lequel elle a fait part de sa priorité numéro un : «Eradiquer la pauvreté extrême», qui touche 18 millions de Brésiliens. La nouvelle présidente a aussi mentionné l'éducation, la santé et la sécurité comme autres priorités, promettant «un combat sans trêve contre le crime organisé», alors que le Brésil doit accueillir en 2014 le Mondial de football et deux ans plus tard les Jeux Olympiques. «Je vais consolider l'œuvre transformatrice du président Lula», a-t-elle également affirmé sans trembler. Seule note d'émotion perceptible : ces quelques larmes retenues lorsqu'elle a évoqué son passé de combattante contre la dictature militaire (1964-85). A l'âge de 19 ans, elle avait passé trois ans en prison, où elle a été torturée. Sa force de caractère est telle qu'elle est surnommée «la Jeanne d'Arc de la subversion». L'année dernière, en campagne, elle avait dû, pour adoucir un peu son image de dame de fer, révéler qu'elle souffrait d'un cancer, aujourd'hui guéri.