Le dernier rapport publié hier par l'Institut espagnol des statistiques (INS) fait ressortir une tendance à la hausse, en 2010, du nombre de résidents algériens en Espagne, titulaires d'une carte de séjour et/ou du travail. La communauté nationale, estimée de source gouvernementale à 52 000 personnes, aurait augmenté de 1229 résidents légalement établis dans ce pays. Elle est l'une des rares, avec celles du Pakistan, du Sénégal et de la Chine, à connaître une augmentation, malgré la tendance à la baisse observée durant les neuf premiers mois de l'année écoulée. Au 30 septembre 2010, la population immigrée était estimée à 4,7 millions de personnes, soit 166 000 étrangers hors communauté européenne en moins par rapport à la même période en 2009. Avec 728 234 ressortissants, le Maroc est en tête de liste des pays d'origine de la migration, suivi de l'Equateur (343 797), de la Colombie (213 862) et de la Chine (148 815). La persistance de la crise économique espagnole, qui a mis au chômage plus de 2,5 millions de salariés, portant le nombre total des sans-emploi à 4,8 millions de personnes, a freiné les flux migratoires vers l'Espagne, depuis l'Amérique latine, et surtout à partir de la côte ouest africaine d'où sont arrivés aux Canaries, par avalanche de «canots et chaloupes» 32 000 Subsahariens en 2006. Pour lutter contre cette pression migratoire unique dans l'histoire de ce «pays des émigrés» de la période post-guerre civile dans les années 30, le gouvernement espagnol a eu recours à deux mesures. La première, dissuasive, a été la mise en place d'un efficace système de contrôle de l'immigration clandestine, le long de la côte ouest africaine et au sud de l'Espagne. L'important dispositif de contrôle maritime, aérien et terrestre du Frontex (Agence de contrôle des frontières européennes) a fait chuter le nombre des candidats à l'immigration, toutes nationalités confondues, à seulement quelques milliers en 2010. La crise économique a aidé, également, à décourager ce phénomène, d'où la mise en œuvre d'une seconde mesure, incitative celle-là. Le gouvernement Zapatero a offert aux immigrés légaux qui accepteraient de retourner volontairement dans leur pays d'origine de pouvoir bénéficier de la totalité de leurs droits sociaux. La combinaison de cette somme de facteurs a eu des résultats encourageants pour le gouvernement espagnol dans sa lutte contre l'immigration clandestine puisque, en plus du refoulement systématique des nouveaux arrivants, certains résidents légaux ont choisi le retour au pays d'origine, définitif ou provisoire. Le rapport de l'INS estime à 32 955 Latino-américains dont le tiers sont des Equatoriens qui ont quitté volontairement l'Espagne, l'année dernière, date de mise en application de la loi sur les retours volontaires. Beaucoup d'Algériens et de Marocains ont pris la même décision de retourner, provisoirement, au pays, parce que ne trouvant plus de moyens de subsistance dans le pays d'accueil. Paradoxalement, le nombre des nouveaux candidats à l'immigration clandestine à partir du Maghreb ne cesse de croître, pratiquement toute l'année. En décembre 2010, plusieurs pateras (embarcations de fortune) ont été interceptées au large des villes côtières d'Alicante, d'Almeria ou de Malaga. Hormis les personnes en détresse (femmes enceintes, handicapés...) et les mineurs, les adultes de sexe masculin feront l'objet d'une procédure d'expulsion rapide.