La solution à la grave crise politique en Côte d'Ivoire n'est pas pour demain, au vu des positions du président sortant Laurent Gbagbo et son rival Alassane Ouattara, qui se disputent la présidence. Les violences nées de cette crise ont fait 210 morts depuis la mi-décembre, a estimé Simon Munzu, chef de la division des droits de l'homme de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) Ce bilan comprend les 14 décès dans les violences intercommunautaires à Duékoué, dans l'ouest du pays. «Nous estimons que ce qui s'est passé à Duékoué est le reflet de la tendance vers des tensions, des violences intercommunautaires», a-t-il ajouté. Par ailleurs, le bras de fer se durcit entre Gbagbo et la communauté internationale après le renvoi des ambassadeurs du Canada et de Grande-Bretagne par son régime, une décision rejetée par ces deux pays qui reconnaissent Alassane Ouattara comme seul président de Côte d'Ivoire et la décision des Etats-Unis de geler ses avoirs et ceux de ses proches. Le Canada et la Grande-Bretagne ont refusé d'accéder à la demande de Gbagbo de renvoyer leurs ambassadeurs, affirmant n'avoir reçu aucune requête d'Alassane Ouattara, président reconnu par la communauté internationale. Ce dernier a rejeté aussi cette mesure «nulle et de nul effet». Les deux pays avaient retiré fin décembre les accréditations des ambassadeurs ivoiriens nommés par le président sortant et indiqué qu'ils reconnaîtraient les représentants désignés par son rival. Côté canadien, on a indiqué que l'ambassadrice Marie-Isabelle Massip resterait en Côte d'Ivoire et que les affaires suivaient leur cours, tout comme l'ambassadeur britannique Nicholas James Westcott, basé à Accra qui est toujours en poste. Le président sortant a aussi réclamé le départ de la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci, 9500 soldats), qu'il accuse d'être alliée militairement à son rival. Mais les Nations unies ont rejeté cette requête et souhaitent même déployer 1000 à 2000 Casques bleus supplémentaires. La Chine pourrait répondre favorablement à cette demande de renforts. Après l'échec de la mission de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), Gbagbo reste sous la menace d'une opération militaire. Une intervention armée semble être en préparation mais cette entreprise à hauts risques reste un «dernier recours». «La force légitime n'est pas exclue, mais nous allons tout faire pour convaincre le président Gbagbo de se démettre», a indiqué le ministre des Affaires étrangères nigérian Odein Ajumogobia. Le Ghana voisin, qui avait déjà annoncé qu'il n'enverrait pas de troupes, a dit son refus de la force. Le président John Atta-Mills a expliqué croire davantage «à la diplomatie qu'à une intervention militaire pour résoudre les problèmes». Pour sa part, Ouattara a indiqué préférer aussi une solution pacifique, estimant qu'une «opération spéciale non violente» pourrait déloger Gbagbo qui a-t-il dit «partira avant la fin du mois de janvier». «Il est temps qu'on en finisse avec cette situation, et Gbagbo doit quitter le pouvoir», a-t-il ajouté . «Le temps est compté» pour le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, a déclaré le porte-parole du gouvernement sierra-léonais, tout en souhaitant une «transition douce» à Abidjan. De son côté, l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) avait infligé un sérieux revers à Gbagbo en demandant à la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) d'autoriser les représentants de Ouattara à gérer les comptes du pays.