Effarant, la mer Méditerranée aurait englouti 5000 harraga depuis 1992. Telles sont les dernières statistiques sur ce phénomène qui a décimé les rangs d'une jeunesse algérienne désœuvrée et désabusée. Par ailleurs, en raison de sa «centralité géographique» et de ses potentialités économiques, l'Algérie est passée du statut de pays de transit à celui de pays de destination des migrations tant légales qu'irrégulières. En effet, selon les dernières statistiques, près de 7000 immigrants clandestins sont découverts chaque année à travers le territoire national, alors que 70 000 immigrants clandestins ont été recensés durant la dernière décennie, à la faveur de la mise en œuvre du Programme de soutien à la croissance économique, qui a vu un nombre croissant de migrants tant légaux qu'illégaux entrer sur le territoire national ces dernières années. Si des dizaines de milliers d'immigrants clandestins ont été extradés vers leurs pays d'origine entre 2000 et 2007, de nombreux autres arrivent à s'établir et travailler généralement dans l'informel et la clandestinité. Il faut savoir que conformément à la convention internationale portant sur la protection des droits de l'homme, l'Algérie prend en charge les frais d'extradition des travailleurs étrangers et de leurs familles vers leurs pays d'origine. A titre d'exemple, l'Algérie a extradé en 2005 environ 600 immigrants vers leurs pays d'origine, à savoir le Mali, le Sénégal, la Guinée, le Cameroun, le Burkina-Faso, le Nigeria et le Ghana. Les immigrants extradés étaient installés illégalement dans la région de Maghnia, dans la perspective de rejoindre le vieux continent (Europe) via le Maroc. Le phénomène des flux migratoires irréguliers amplifiés par la prolifération des réseaux de passeurs est un problème auquel aucun pays ne peut face seul, d'où la nécessité de coordonner les actions et d'adopter une position africaine commune pour traiter cette question. Dans ce cadre, l'idée lancée par l'Algérie de la création d'un observatoire des flux migratoires en Méditerranée ne peut qu'être saluée. En attendant, les ministres de l'Intérieur du dialogue 5 + 5 (France, Espagne, Italie, Malte et Portugal de la rive nord ; Tunisie, Libye, Maroc, Algérie et Mauritanie de la rive sud), ont planché en décembre 2010 à Tripoli sur la problématique du franchissement illégal des frontières, et les conséquences désastreuses qui en découlent, comme le crime organisé, la contrebande et le terrorisme.