Quel crédit faut-il accorder aux rapports du Fonds monétaire international (FMI) et à sa mission à l'échelle internationale ? La question est d'autant plus d'actualité, notamment avec l'expérience tunisienne qui a démontré que les rapports élogieux établis jusque-là ne reflétaient pas la réalité de la population, réduite au chômage et à la pauvreté extrême, alors qu'une minorité concentre toute la richesse du pays. Dirigé par un homme politique français, issu de la «gauche», le FMI œuvre, selon des experts algériens, uniquement dans l'intérêt des pays capitalistes, les Etats-Unis d'Amérique et la France, en tête, sans aucun souci pour les économies des autres en buttent à d'énormes difficultés. Pour l'expert Abdelmalek Serrai, spécialiste du droit financier, les orientations du FMI sont connues, «à savoir le soutien aux économies des grandes nations», entre autres, les USA, l'Europe, le Japon, la Corée du Sud, le Canada et bien d'autres pays qui ont adopté un mode économique de type capitaliste, voire néolibérale. L'approche des questions financières et économiques par cette communauté s'apparente, selon lui, à une véritable conspiration et une politique de pensée unique, ne laissant aucun autre choix aux pays qui font appel au soutien ou à l'expertise du FMI. Le soutien financier apporté à un pays donné est soumis au respect de certaines règles souvent impopulaires, tient à ajouter l'expert Abdelmalek Serrai, en citant l'exemple de l'Algérie, qui avait suscité des critiques acerbes des experts du FMI suite à l'augmentation des salaires des fonctionnaires et aux politiques de lutte contre le chômage basée sur le budget de l'Etat. Les mesures prises par le gouvernement algérien dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009 ont démontré, selon lui, le décalage entre les deux visions des choses économiques. L'Algérie a failli être entraînée dans un système de consommation et d'endettement des ménages catastrophique, alors que les revenus exclusivement pétroliers sont toujours aléatoires liés aux fluctuations des cours mondiaux. Les notes établies par le fonds au lendemain des dispositions de la LFC 2009 ont été sévères jusqu'à suggérer à l'Algérie de relancer le crédit à la consommation et de reprendre la politique des privatisations bloquée depuis plus deux années déjà. Des rapports en total décalage Pour l'expert Abdelmalek Serrai, les rapports et les notes du FMI sont souvent en décalage avec la réalité socioéconomique d'un pays. «Le FMI exerce parfois une pression sur certains pays, notamment lorsqu'il y a des critiques, entre autres, sur l'ouverture de l'économie, le système libéral et l'économie de marché. C'est à partir de là que nous pouvons assister à des jugements intentionnés du FMI. Cette institution ne cherche pas à comprendre la situation sociale d'un pays», affirme cet expert, citant également la Banque mondiale qui développe la même pensée. «J'avais dénoncé personnellement à titre d'exemple un des rapports de la Banque mondiale sur l'Algérie, parce que j'ai été bien au fait des chiffres. Et quand j'ai lu le rapport, j'ai constaté beaucoup d'erreurs. Six mois après, il y a eu des correctifs. Les notes de conjoncture et de performance établies sur l'Algérie sont par moment des messages de pression répondant à des intérêts occidentaux et américains. A chaque rapport établi par ces institutions qu'il soit positif ou négatif, il faudrait faire une lecture très prudente. «La vision du FMI s'inspire d'une pensée connue. Sa force réside non seulement dans la surveillance des finances des pays, mais aussi dans la politique d'octroi de crédits. Il peut donc imposer un modèle de gestion. Il a tendance d'ailleurs à favoriser uniquement les pays qui ouvrent leurs économies aux multinationales», soutient notre interlocuteur. L'avis de Abdelmalek Serrai est partagé par d'autres économistes algériens, à l'instar du docteur Salah Mouhoubi, qui dans une de ses déclarations à notre journal avait souligné que le Fonds défend uniquement les intérêts privés des oligarchies. L'autre faille du FMI, connue ces derniers jours, c'est les rapports positifs dressés sur le modèle tunisien, alors que la majorité de la population de ce pays vivait dans une situation sociale des plus dramatiques ayant conduit à une révolution contre le régime de Ben Ali. La crise du modèle tunisien a donné à réfléchir sur la politique économique que devront désormais adopter les Etats.