Tout en maintenant leur proposition de loi pour la levée de l'état d'urgence, déposée le 1er février, les 21 députés de différentes sensibilités politiques considèrent que l'annonce du président de la République est une première avancée sur ce dossier depuis 19 ans. Dans un communiqué rendu public, signé par leur délégué, le député Ali Brahimi, les signataires de la proposition qui affichent leur satisfaction pour avoir «apporté notre contribution à cette revendication légitime», estiment également que l'annonce du président est «le fruit de la mobilisation citoyenne et du mécontentement populaire dont le régime commence à prendre la véritable mesure». Il reste, cependant, écrivent-ils, «que nous maintenons notre proposition de loi dont la pertinence au double plan juridique et politique ne souffre d'aucun doute». Pour ce groupe de députés, l'état d'urgence est un état de fait en violation de la Constitution depuis au moins février 1994. C'est au Parlement que l'article 122 alinéa 1 confie «le régime des libertés publiques et la sauvegarde des libertés individuelles et il s'agit, en l'espèce, de rétablir des libertés confisquées», notent-ils. Le texte qui avait prorogé la durée de l'état d'urgence sans limitation «est un décret législatif, donc susceptible d'être abrogé par le Parlement et la loi», estiment les signataires de la proposition qui considèrent en outre que la dévolution de la levée de l'état d'urgence au Parlement «sera une preuve de la volonté du régime en place de revenir à l'Etat de droit…». S'agissant «d'un début de promesse de déverrouillage du champ politique et médiatique», ces mêmes députés pensent que cette démarche «ne trouverait aucune crédibilité tant que la liberté d'organisation des citoyens en association, syndicat et parti politique ne sera pas intégralement rétablie et inconditionnellement respectée». Redonner du crédit aux institutions et à l'Etat algériens passe selon eux par la mise en place des instruments réels de renouvellement de la classe politique et de mobilisation civique des citoyens. «C'est là la meilleure garantie contre toute velléité de retour en arrière», ont tenu à conclure les parlementaires.