Cette initiative, chapeautée par le député de Bouira, Ali Brahimi, est signée par des parlementaires issus du FLN, du MSP, d'El Islah, du FNA et des indépendants. Vingt et un députés ont déposé, hier, une demande pour lever l'état d'urgence, en vigueur depuis 19 ans, au niveau du bureau de l'Assemblée populaire nationale (APN). «Il est arrivé le temps et la nécessité de mettre un terme à cette dangereuse exception pour le présent et le futur de l'Algérie», ont-ils annoncé dans une déclaration rendue publique. Cette initiative, chapeautée par le député de Bouira, Ali Brahimi, est signée par des parlementaires issus de plusieurs formations politiques, à l'instar du FLN, du MSP, d'El Islah, du FNA et des indépendants. «Le maintien de l'état d'urgence, en vigueur depuis plus de 19 ans en vertu du décret législatif 93-02 du 6 février 1993, ne trouve pas de fondement au triple plan juridique, sécuritaire et politique», estiment les initiateurs de la proposition. Ainsi, les demandes dans ce sens se multiplient ces derniers temps. Plusieurs partis politiques et des organisations de la société civile ont déjà revendiqué la levée de cet état d'urgence qui réduit les espaces d'expression et limite l'exercice des libertés. Pour les 21 députés, ce régime d'exception n'a que trop duré d'autant qu'«il est anticonstitutionnel, controversé dans sa construction juridique et désormais, sans pertinence pratique». «L'amélioration de la situation sécuritaire, revendiquée par le pouvoir, enlève tout argument pratique au maintien de cet état de fait. La permanence de cette exception est un alibi pour le contrôle de la vie publique, dont les premières victimes sont les sociétés civile et politique», expliquent le promoteurs de la proposition. Cela étant dit, les parlementaires considèrent que le laminage des libertés publiques à travers ce dispositif a fait reculer le débat public et laissé libre cours à l'expression de la violence à la place du dialogue. Le projet de loi contient trois articles dont l'abrogation du décret 93-02 du 6 février 1993, l'adoption des textes réglementaires et législatifs pour régulariser la situation après la levée de l'état d'urgence. Cette demande risque de mettre encore une fois dans l'embarras cette institution législative qu'est l'APN. Cette chambre a, en effet, déjà rejeté plusieurs propositions concernant notamment un débat sur la corruption, une commission d'enquête sur le même phénomène et récemment, un débat sur la situation politique et sociale du pays après les derniers événements qui l'ont secoué les premiers jours du mois de janvier dernier. C'est pour cette raison que les signataires de la demande de la levée de l'état d'urgence ont suggéré aux membres du bureau de l'APN de prendre en considération cette proposition pour sauver ce qui peut l'être, du peu de crédibilité qui lui reste. «L'APN tient là une nouvelle occasion de réhabiliter sa fonction en allant au-devant d'une attente populaire et, par la même occasion, jouer son rôle dévolu, au demeurant, par la Constitution», avertissent les signataires de la demande.