Le Sénat tunisien a adopté mercredi à l'unanimité une loi autorisant le président intérimaire Foued Mebazaa à gouverner par décrets-lois, contournant ainsi le Parlement bicaméral hérité de l'ère Ben Ali. Le texte, déjà voté à l'Assemblée nationale lundi, a été adopté à main levée par les 86 sénateurs présents, sans aucune abstention. Cette approbation va permettre au gouvernement de travailler. Le gouvernement de transition reste soumis à une forte pression depuis qu'il a remplacé les 24 gouverneurs de région. Des nominations rapidement contestées. Sur les gouverneurs, retenus 19 étaient des proches du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti au pouvoir sous Ben Ali. Des manifestations et des dépassements ont été signalés à travers le pays. Une situation d'ailleurs reconnue par les dirigeants qui disent comprendre le peuple mais que l'Etat n'est pas encore en capacité pour le moment de répondre à toutes ces demandes. M. Ghannouchi a d'ailleurs annoncé la légalisation «dans quelques jours» des formations interdites sous Ben Ali et qui en ont fait la demande. Il ne les a pas citées mais le mouvement islamiste Ennahda de Rached Ghannouchi et le Congrès pour la République (CPR, gauche) de Moncef Marzouki ont déjà déposé un dossier. Cette légalisation vise à préparer des élections transparentes et équitables avec la participation de tous les partis. Ghannouchi a une nouvelle fois appelé les Tunisiens à se remettre au travail après «l'explosion sociale qui a perturbé» le processus politique et économique, infligeant «des pertes considérables» au pays.