19 des 24 gouverneurs qu'il a nommés la semaine passée sont contestés pour leur accointance politique avec le Rassemblement constitutionnel démocratique, l'ex-parti au pouvoir. Foued Mebazaa, le président intérimaire, qui est soumis à des pressions, voire des risques d'une «explosion sociale », peut contourner le Parlement hérité de Ben Ali. Les 86 sénateurs présents ont adopté hier, à main levée et sans aucune abstention, le texte, déjà voté par les députés lundi, lui permettant de gouverner par décrets-lois. Selon Mohammed Ghannouchi, le Premier ministre, ces textes qui seront ratifiés par le président et publiés au Journal officiel, porteront sur l'amnistie générale, les textes internationaux relatifs aux droits de l'homme, l'organisation des partis politiques et la réforme du code électoral. Ils permettront aussi la légalisation « dans quelques jours » d'Ennahda de Rached Ghannouchi et du Congrès pour la République de Moncef Marzouki pour leur permettre de « préparer » et de participer aux « élections transparentes et équitables » présidentielle et législatives dans six mois avec les autres partis. Dans la foulée, l'homme qui fut onze ans de suite le Premier ministre de l'ex-président a mis en garde les Tunisiens contre « le danger de la chasse aux sorcières ». Il n'est pas le seul à être montré du doigt. 19 des 24 gouverneurs qu'il a nommés la semaine passée sont contestés pour leur accointance politique avec le Rassemblement constitutionnel démocratique, l'ex-parti au pouvoir. Mardi, le nouveau gouverneur de la région de Sousse (150 km au sud de Tunis) a été contraint de quitter ses bureaux par une foule décidée à éradiquer les dernières traces de l'ancien régime. Ses collègues de Monastir (ville voisine) et de Médenine (sud) n'ont pas connu un meilleur sort. Mardi, plus de 400 personnes ont envahi le gouvernorat au cœur de la capitale pour réclamer du travail et des aides. A Sfax, des centaines d'universitaires ont réclamé leur droit au travail et réitéré leur rejet de « l'instrumentalisation de la révolution ». Dans certaines régions, les Tunisiens qui réalisent que leur révolution a fait 234 morts et 510 blessés, découvrent des « groupes armés de couteaux et de massues ». « Il y a plusieurs régions démunies et un nombre important de jeunes chômeurs », reconnaît le Premier ministre dont la légitimé à la tête du gouvernement de transition est remise en cause. A Tunis, pour la première fois en deux semaines, des coups de feu ont été entendus hier.