Un nouveau décret présidentiel mis en vigueur à la mi-décembre qui déclasse les ingénieurs d'Etat sortant des grandes écoles en les mettant sur le même pied d'égalité que les détenteurs d'un diplôme de mastère 1 fait monter la grogne au niveau des grandes écoles. Le débrayage commence à l'ESI où les étudiants observent un mouvement de grève illimitée depuis ce lundi. Ce décret présidentiel applicable depuis le 15 décembre 2010, stipulant que le mastère 1 équivaut à des études de baccalauréat + 5 des grandes écoles, sachant que le mastère 1 est l'équivalent du baccalauréat + 4, en sus du classement du magistère des grandes écoles en équivalence à un baccalauréat + 5 du système LMD, a provoqué la grogne et la panique au niveau des grandes écoles. Ce n'est qu'en ce début de semaine que les étudiants ont pris note de ce nouveau mode de fonctionnement à leur manière, puisqu'ils n'ont reçu aucune notification, ni n'ont été avisés par un quelconque affichage. C'est ainsi que le sort des étudiants de quelque 17 grandes écoles supérieures spécialisées au niveau national est remis en cause, puisque les nouvelles dispositions émanant de ce décret donnent plus de priorités aux «lmdistes», au détriment des sortants des écoles supérieures dont le passage est tributaire d'une excellente moyenne au baccalauréat. C'est ainsi que le vent de panique gagne la plupart des grandes écoles de l'Algérois. Et ce sont les étudiants de l'Ecole nationale supérieure d'informatique (ESI) qui passent les premiers à l'action en observant une grève générale depuis lundi. «Un mouvement de grève qui ne s'arrêtera qu'avec la satisfaction entière de nos revendications», annoncent les étudiants que nous avons rencontrés hier au niveau de l'école. Leurs revendications qui découlent de leur assemblée générale tenue ce même jour, stipulent qu'un statut spécial pour les ingénieurs d'Etat des écoles nationales supérieures soit mis en vigueur, avec en prime le maintien de leur statut d'ingénieurs d'Etat et non pas une équivalence d'un mastère du système LMD, en sus de pourvoir les étudiants des grandes écoles d'un échelon supérieur à celui des détenteurs d'un diplôme de mastère. Durant notre passage à l'ESI, hier à la mi-journée, les étudiants s'organisaient à tenir une assemblée générale, pour dégager la dynamique de leur sit-in devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qu'ils observeront aujourd'hui pour crier haut et fort leur ras-le-bol, et ainsi transmettre leurs revendications au premier responsable du secteur. Chose qu'ils essayeront de faire à la place de leurs responsables, puisque ceux-ci font part de l'envoi d'un PV au ministre, sans pour autant qu'il fasse effet. A l'heure où nous mettons sous presse, des informations indiquent que le vent de la protesta gagne progressivement les autres grandes écoles de l'Algérois, à savoir l'Epau, l'école polytechnique, l'INA et l'ENTP. Par ailleurs, les étudiants de l'ESI font part de pourparlers qu'ils ont entamés avec les étudiants des écoles susmentionnées pour unifier leur action. A la fin, il restera à dire qu'avec cet état de fait, un dossier épineux tombe sur le bureau de Rachid Harraoubia. S'il y a lieu d'encourager le nouveau système universel (LMD), «ça ne doit pas se faire aux dépens des étudiants des grandes écoles», pensent ces derniers.