Alors que la commission nationale de suivi des programmes n'a pas encore achevé son travail, le ministère de l'Education nationale a rendu publique la «liste» des cours qui ne seront pas dispensés, donc pas pris en compte dans les épreuves du bac 2011. Plus grave encore, l'on apprend que certains cours «supprimés» ont déjà été dispensés. Les syndicats autonomes du secteur estiment que par ces agissements, la tutelle «consacre l'anarchie», et s'interrogent sur le rôle de la commission, considérant que c'est tout le système éducatif qui doit changer. «C'est le ministre qui décide seul», tranche Achour Idir, porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), «sans prendre en considération les travaux de la commission de suivi». Estimant que le ministre gère des situations «en fonction des rapports de force», notre interlocuteur révèlera que «Benbouzid a éliminé des cours déjà effectués». Pour lui, «il faut se baser sur des études pédagogiques avant de prendre de telles décisions qui ne mènent tout compte fait qu'au chaos». Le syndicaliste qui considère que ces décisions sont une fausse réponse à la demande incessante d'allégement des programmes par les élèves et les enseignants citera une grève entamée hier par les lycéens au lycée Okba d'Alger. «Le ministre est en train d'annoncer ces derniers jours des décisions et leur contraire», a commenté hier Messaoud Amraoui, chargé de communication de l'Union nationale des professionnels de l'enseignement et de la formation (Unpef), dénonçant «l'institution de l'anarchie» par la tutelle qui n'a pas jugé utile, selon lui, de prendre en compte le travail de la commission de suivi. «On ne décide pas en milieu d'année», explique-t-il, estimant que ces décisions n'ont aucun fondement pédagogique. Pour lui, «tout cela concourt au découragement de l'enseignant». Messaoud Boudiba, chargé de communication au Conseil national autonome de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), abonde dans le même sens : «Où est, dès lors, le rôle de la commission de suivi ?», s'est-il interrogé, considérant que «cette mesure anti-pédagogique destinée à absorber la colère des élèves annule de fait le rôle de la commission de suivi des programmes». Notre interlocuteur croit savoir que contrairement à ce que pense le ministère, «ce recul va encourager les élèves à demander davantage de concessions», ce qui, selon son appréciation, pourrait sérieusement perturber la fin de l'année. Messaoud Amraoui de l'Unpef va jusqu'à suggérer la refonte du système éducatif «qui ne produit plus d'élites».