Le ministre de l'Education est pointé du doigt par deux corps de son secteur, à savoir les adjoints d'éducation qui demandent la reclassification et les enseignants contractuels qui revendiquent leur intégration. Ces derniers ont bravé le froid et le cordon sécuritaire autour de la capitale pour crier haut et fort leur ras-le-bol devant le siège du ministère de l'Education jouxtant la présidence de la République. Il y a lieu de noter que les agents de la sûreté nationale se sont distingués par un comportement correct à l'égard des manifestants. Les contractuels saisissent le premier magistrat du pays «Monsieur le Président, on demande l'intégration», scandaient les quelque cinquante enseignants contractuels, qui se sont mobilisés autour d'un énième sit-in dans la capitale, au sein d'une série de manifestations amorcées par la Coordination nationale des enseignants contractuels (Cnec). Dans son long bras de fer avec les responsables du secteur, le syndicat des contractuels revient à la charge, cette fois pour crier contre le double langage de la tutelle qui avait promis en septembre 2010 de donner la priorité aux contractuels durant les examens d'accès aux postes d'enseignants, qui consiste en leur bonification selon le nombre d'années achevées dans l'enseignement. «Hélas ! Ça n'a pas été le cas, puisque, après quatre mois d'attente des délibérations, la montagne a accouché d'une souris, ne serait-ce que compte tenu du nombre minime d'enseignants contractuels qui ont réussi aux concours», dénonce une enseignante de Mostaganem, qui précisera que dans sa wilaya seulement 20 contractuels ont été retenus sur 700 postes à pourvoir. Même topo chez la plupart des représentants de la Cnec rencontrés hier, qui précisent qu'ils ne savent plus à quel saint se vouer, eux qui se retrouvent balancés entre le ministère de l'Education et la direction de la fonction publique, sans pour autant savoir de quelle institution dépend la résolution de leur dossier. Par ailleurs, beaucoup d'enseignants contractuels se retrouvent écartés du secteur, après de longues années d'exercice, sans pour autant pouvoir y accéder à nouveau, même pas par concours d'accès, faute d'inexistence de leurs spécialités dans les matières requises. Comme le précise une enseignante de la wilaya de Boumerdès : «Je suis exclue après huit ans d'exercice.» La porte-parole de la Cnec, Meriem Maarouf, rencontrée sur place, dira : «Notre revendication essentielle reste l'intégration des quelque 20 000 contractuels exerçant actuellement à l'échelle nationale.» Tout en évoquant, par ailleurs, que les responsables du secteur ne font que temporiser avec des promesses sans lendemain. «Rien qu'à se fier au sit-in du 25 janvier, où les responsables du ministère qui nous avaient reçus nous ont rassurés quant à un meilleur aboutissement de nos revendications. Hélas ! Ça n'a jamais été le cas», renchérit-elle, avant d'ajouter : «C'est pour cette raison que nous sommes venus aujourd'hui solliciter plutôt le premier magistrat du pays, sur lequel on compte beaucoup pour trouver des solutions à nos doléances.» Les adjoints d'éducation se mobilisent «La reclassification des adjoints de l'échelle 7 à la 10, ainsi que l'octroi d'un droit à la promotion, comme l'indique l'article 104 du code du travail», et aussi «l'application de la définition des tâches de l'adjoint d'éducation», telles sont les revendications essentielles du corps des adjoints d'éducation, dont la coordination nationale affiliée au Snapap a appelé hier à un sit-in devant le ministère de l'Education à Alger. Environ 200 représentants du syndicat, venus de plusieurs wilayas du pays, ont observé leur manifestation, pour crier leur ras- le-bol. Cela fait trois ans, depuis le 2 janvier 2008, que ce corps livre un bras de fer sans précédent avec la tutelle, pour faire aboutir ses revendications. «Ils sont en train de nous mener en bateau ; le ministre a toujours annoncé que nos revendications sont un droit légitime, mais rien de concret n'est apparu sur le terrain», lance la secrétaire nationale chargée des affaires féminines et de la solidarité au sein du syndicat, Saliha Sahraoui, désabusée. Avant d'ajouter que la grande question qui reste sans réponse est : «Quelle est la fonction qui ne possède pas de promotion, sinon la nôtre ?»