La communauté algérienne établie en Libye a été rapatriée par les autorités algériennes vu la situation qui prévaut actuellement dans ce pays voisin. Dans la soirée d'hier, un avion d'Air Algérie dépêché par les autorités algériennes à Tripoli est rentré avec à son bord 150 ressortissants algériens établis dans ce pays, et dont la majorité est composée de jeunes employés dans des entreprises libyennes et algériennes. Selon les sources aéroportuaires, l'avion est arrivé vers 4h à Alger où des représentants de la Direction de l'action sociale (DAS) et des responsables du secrétariat d'Etat chargé de la Communauté algérienne à l'étranger ont accueilli les arrivants. Les ressortissants ont exigé dès leur arrivée une prise en charge. Revendication qui a été satisfaite sur-le-champ par les autorités algériennes. «Nous avons offert des repas et des boissons et avons réquisitionné des chauffeurs de taxi pour permettre à nos compatriotes de rejoindre leurs familles. L'Etat a prévu une somme d'argent pour chaque ressortissant et une prise en charge professionnelle dès l'arrivée de chacun d'eux dans sa wilaya de résidence afin de trouver des emplois au plus vite», a expliqué Mme Belmiloud, directrice de l'action sociale d'Alger. Cette dernière a ajouté : «Nous avons prévu une prise en charge spécifique pour ces jeunes pour qu'ils bénéficient des programmes Angem, PID et DAIS pour ceux qui veulent lancer leur propre entreprise.» De son côté, le secrétaire d'Etat chargé de la Communauté algérienne à l'étranger, Halim Benatallah, qui était dès les premières heures de la journée d'hier à l'aéroport international Houari Boumediene, a pris des décisions concrètes au profit de cette communauté. Ainsi, M. Benatallah a signé lui-même des lettres de recommandation aux 150 voyageurs pour qu'ils les présentent aux walis pour une prise en charge spécifique. «J'ai signé moi-même les lettres de recommandation que nos compatriotes vont remettre aux walis pour une prise en charge réelle et immédiate. Pour les jeunes qui ont perdu leur travail en Libye, j'ai instruit les walis pour un recrutement immédiat en attendant le lancement de leurs projets dans le cadre des dispositifs mis en place par l'Etat algérien», a avoué le secrétaire d'Etat. «L'enfer est juste à côté de nous» S'agissant de l'enfer vécu en Libye par nos ressortissants, ces derniers racontent. «C'est un génocide. La Libye est en guerre, personne ne reconnaît personne, c'est l'anarchie totale. Les milices tuent, les militaires tuent, les policiers tuent et même des citoyens armés tirent sur tout ce qui bouge. La situation est très grave et je demande aux autorités algérienne de renforcer la ligne Alger/Libye pour rapatrier nos frères et sœurs», a témoigné Hafid. Jawad lui emboîte le pas : «Nous avons échappé à une mort certaine.» «Sans notre rapatriement rapide, nous serions certainement morts», a fait savoir Hamza, âgé de 26 ans, qui travaille dans le secteur du bâtiment. Et d'ajouter : «Nous sommes rentrés au pays parce la situation en Libye est telle que la mort nous guette à tout moment. Des familles ont été agressées et spoliées de leurs biens. C'est l'anarchie totale.» Faits confirmés par Yakout, une mère de famille accompagnée de ses trois enfants en bas âge : «On m'a volé mon or et les quelques sous que j'avais chez moi. Mon mari a laissé tout son argent en Libye, car il n'a pas pu le retirer. Les autorités algériennes ont payé les frais de voyage et maintenant nous attendons un autre geste de la part de nos autorités pour avoir un toit.» D'autres jeunes en furie ont crié leur rage face au laxisme de certains responsables algériens en Libye. «Le consul nous a tout simplement rejetés. A l'ambassade, les responsables ne pensent qu'à sauver leur tête et leurs familles», a signifié Ahmed. Il est à rappeler que d'autres ressortissants seront rapatriés par les autorités algériennes dans les jours à venir. «Nous sommes en alerte 3. Nous avons annulé les récupérations et les congés pour nos équipages, qui sont réquisitionnés jusqu'au rapatriement de nos concitoyens de ce pays en guerre», a précisé un cadre de la compagnie nationale Air Algérie.