La division au sein de la CNCD a finalement eu lieu. Le consensus sur l'organisation de la marche de samedi prochain n'a pas été trouvé. Après une réunion qui a duré plus de six heures avec la participation de tous les représentants des associations, des partis politiques et des syndicats, la coordination nationale pour le changement et la démocratie a communiqué ses décisions finales dans une ambiance marquée par une grande tension. Ayant attendu plusieurs heures la fin de cette réunion, les nombreux journalistes présents dans la salle sombre de la maison des syndicats, située à Dar El Beida, ont eu du mal à suivre les interventions des différents membres de la coordination à cause des bruits et des cris dans la salle. Cette fois, la différence dans les opinions et la façon de faire a été visible, voire même flagrante. Ali Yahia Abdenour a été chargé par la coordination d'annoncer les décisions prises en concertation avec les différentes parties. «Nous avons décidé de maintenir la marche à Alger tous les samedis. La prochaine marche aura lieu le 26 février prochain. Nous avons changé le point de départ qui aura lieu ce samedi de la place des Martyrs vers la place du 1er mai. Nous demandons à nos représentants dans les autres wilayas d'organiser des marches similaires s'ils sont prêts à le faire», a-t-il affirmé lors d'un bref point de presse organisé à l'issue de la réunion de la coordination en fin d'après-midi. Ali Yahia Abdenour a tenu à préciser que trois membres de la coordination n'ont pas adhéré à la décision prise par la majorité. Il s'agit de la LADDH, du Snapap, du CLA et du SATEF. «Mais ils sont minoritaires, donc ils rejoignent l'avis de la majorité qui a opté pour la marche du 26 février prochain. Ce sont les règles propres de la démocratie», a-t-il enchaîné. Dans la même salle, les représentants de trois syndicats ont tenu un autre point de presse pour expliquer leur opinion sur le sujet. «Nous sommes les fondateurs de la coordination qui est composée du Snapap, du CLA, du Satef, de l'association des disparus, des jeunes, des chômeurs et du CNES. C'est une coordination composée essentiellement des acteurs de la société civile qui ont décidé de se constituer en bloc pour défendre leurs droits loin des intérêts partisans. Nous voulons constituer une autre coordination de la société civile à l'intérieur de la CNCD qui regroupe les forces de la société civile afin de mener des actions de sensibilisation dans le cadre du travail de proximité», a expliqué M. Rachid Malaoui. «Nous n'allons pas participer à la marche de ce samedi. Nous préférons investir le terrain pour faire adhérer d'autres forces car notre mission est de rassembler tout le monde», a-t-il enchaîné. Il a promis de revenir dans deux semaines avec d'autres actions mais avant de mobiliser les gens pour faire aboutir ce changement. «Nous ne sommes pas un parti politique et nous ne militons pas pour des fins politiques. Nous estimons que le rôle de ce dernier doit se limiter dans le travail de soutien et non dans la prise de décision dans des terrains qui ne lui appartiennent pas», a-t-il ajouté. Kadour Chouich, du même syndicat, enchaîne : «notre rôle est de nous placer et d'agir auprès de la population. Il est temps de mobiliser et de travailler sur le terrain pour aboutir au changement réel et attendu», a-t-il souligné. M. Sadali du Satef a dénoncé, quant à lui, la mainmise du RCD sur la coordination. «Le parti veut incarner la coordination dans une pensée partisane ; le peuple refuse cela et la coordination refuse d'être alignée à un parti politique», a-t-il soutenu en estimant que la coordination est appelée à s'élargir et à agrandir son mouvement. «Nous sommes au service de la cause citoyenne et non des serviteurs de la cause partisane. Nous travaillons pour une mobilisation nationale et non régionale. Nous ne voulons pas que notre action se limite à Alger. C'est pour cela que nous avons opté pour l'extension de notre activité et de notre réseau», a-t-il encore indiqué. Les préoccupations des étudiants et le dernier incident qui s'est produit avant-hier devant le ministère de l'enseignement supérieur lors d'un rassemblement qu'ils ont tenu a été largement débattu lors de cette réunion. Les nombreux jeunes activant au sein de la CNDC ne cessaient de dénoncer «les graves dépassements qui se sont produits ce jour-là». Nouvellement créee, la coordination des étudiants algériens, regroupant les universités des régions du centre, ont décidé d'adhérer à la marche du samedi. «Nous voulons maintenir la pression car nous sommes des partisans du changement», a indiqué leur porte-parole. Le collectif d'Algérie pacifique et le collectif des spoliés de la banque Khalifa ont adhéré à la marche de samedi prochain. «Nous avons opté pour le maintien des marches à Alger qui auront lieu tous les samedis» a expliqué M. Benouaret, du collectif Algérie pacifique.