Un financement public conséquent a été réservé aux nouvelles mesures d'appui décidées lors du dernier Conseil des ministres, a annoncé lundi le ministre des Finances, Karim Djoudi, dans une intervention à la chaîne de télévision Canal Algérie. Il a assuré que les mesures prises pour booster l'emploi et l'investissement consacraient la mobilisation de la ressource publique dans la création d'une croissance hors hydrocarbures, génératrice de richesses et d'emplois. Le nouveau soutien financier décidé pour les entreprises publiques économiques (EPE) devrait les «inciter à accentuer la cadence des recrutements», a indiqué M. Djoudi, rappelant que ces EPE avaient déjà bénéficié d'un rachat de dettes de 500 milliards DA et de 200 milliards DA de crédits soutenus par l'Etat. Même s'il reste approximatif car dépendant du nombre de personnes qui seront concernées, le budget consacré aux autres dispositifs d'aide «tourne autour de 85 milliards DA pour le soutien à l'emploi et d'une centaine de milliards de dinars pour la solidarité nationale», a-t-il dit. Ces enveloppes financières, qui seront inscrites dans la prochaine loi de finances, s'ajouteront aux 80 milliards DA déjà inscrits pour le soutien de ces dispositifs. Pour une meilleure efficacité des financements bancaires, M. Djoudi a appelé à réduire les «créances improductives» qui ont atteint, selon lui, 35% de l'ensemble des créances bancaires. Il a rappelé au passage, selon l'APS, que les banques publiques avaient tout de même généré en 2010 à l'Etat «une quarantaine de milliards de dinars de revenus, entre dividendes distribués et impôts payés». Le recours au Fonds de régulation des recettes écarté Quant à la possibilité de recourir au Fonds de régulation des recettes (FRR) pour financer ce budget additionnel, le ministre a rappelé que ce fonds avait été spécialement conçu pour le remboursement de la dette extérieure, actuellement de l'ordre de 470 millions de dollars seulement, et que ce recours n'était donc pas envisagé. «Le financement des dispositifs de soutien à l'emploi est désormais décidé par une délégation au niveau des wilayas qui sera chargée de l'approbation des projets et de leur financement», a-t-il soutenu. Revenant sur la mesure relative à la facilitation de l'accès au foncier, il a noté que la mise à disposition aux jeunes promoteurs des 130 000 locaux réalisés dans le cadre du programme de 100 locaux par commune participera à la levée des contraintes relatives au foncier. La cession du foncier à travers la vente aux enchères devra, à son tour, céder le passage au gré à gré, ce qui déchargera l'Aniref de cette mission pour la laisser s'occuper des zones industrielles, s'est-il réjoui. En réponse à un investisseur algérien qui s'interrogeait sur «les gages» que pourrait donner le gouvernement pour soutenir les opérateurs nationaux, M. Djoudi a cité «la dépénalisation de l'acte de gestion et la modification des types de garanties bancaires exigées». «On ne va demander à l'investisseur que les garanties relatives au projet lui-même», a-t-il dit, soulignant que cette mesure allait donc se substituer à l'exigence des hypothèques comme garanties. Le code des douanes, qui sera présenté cette année, apportera, à son tour, de nouvelles facilitations au profit des opérateurs économiques, dira le ministre. D'autre part, les dernières mesures gouvernementales «mettent en avant» les projets public-privé grâce au Fonds national de l'investissement (FNI) qui procédera à des prises de participations à hauteur de 34%, dans les capitaux des entreprises privées qui le souhaitent. En réponse à une question sur le coût des réévaluations des programmes publics, le ministre a précisé que «60% de ces réévaluations sont dues aux procédures des appels d'offres, 30% aux redimensionnements des projets et 10% seulement sont dus aux problèmes d'évaluation des projets». Au sujet de la règle 49/51% relative à l'investissement étranger en Algérie, M. Djoudi a souligné que cette mesure venait d'être allégée en autorisant ces entreprises à choisir plusieurs partenaires algériens au lieu d'un seul. Le président du FCE reste sceptique Présent à l'émission, le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Reda Hamiani, s'est félicité des dernières mesures mais a estimé que «l'administration algérienne n'était pas encore en mesure d'absorber cet électrochoc positif». Arguments à l'appui, M. Hamiani dira que les mesures de facilitation déjà appliquées pour les PME, comme le couloir vert ou les facilités de caisse, ont été appliquées d'une façon «sclérosée» par l'administration. Les opérateurs économiques sont confrontés aux contraintes bureaucratiques, a-t-il appuyé. Contrairement au ministre des Finances qui a considéré que les entreprises jouissent d'un environnement économique adéquat, le président du FCE s'est voulu pragmatique en citant le cas, par exemple, des difficultés rencontrées au niveau des douanes. Il a parlé des lenteurs accusées en relevant qu'un container en Algérie met 27 jours pour sortir du port contre 3 à 4 jours au Maroc et une journée à Singapour.