«C'est grâce à la puce de son téléphone portable que Moussa a été identifié. Sa famille, qui le cherchait depuis la mi-janvier, est restée sans nouvelle jusqu'à samedi dernier quand elle a reçu un appel de Jijel l'informant que le cadavre de son fils avait été rejeté par la mer», dira son voisin. Ce dernier nous informera que la mer a rejeté les cadavres de 9 harraga, il y a quelques jours dans une crique de la wilaya de Jijel. Ces derniers, originaires de la ville d'Arzew, n'ont plus donné de nouvelles depuis qu'ils ont pris la mer à bord d'une barque de pêcheur, à partir de Cap Carbon. «Ils habitent en majorité la cité Zabana et sont âgés entre 18 et 29 ans. Ils avaient tenté l'émigration clandestine le 17 janvier dernier. Les recherches entamées pour les retrouver n'ont pas abouti malgré les gros moyens mis en œuvre par les garde-côtes. Samedi dernier, la famille N. a reçu un appel l'informant que le cadavre de son fils Moussa se trouvait à l'hôpital de Jijel. D'autres familles ont accompagné son père et tous les cadavres ont été identifiés. C'est la consternation à la cité Zabana. «Ce sont des jeunes que nous connaissions pour la plupart», affirme Ali, un jeune qui a assisté la famille N. dans ses recherches pour retrouver la trace de son enfant. «Il y a quelques jours, on nous a informés que la mer avait rejeté des cadavres non loin de Bouharoun dans la wilaya de Tipaza. On s'est déplacé sur les lieux. Sur place, on nous a informé que les cadavres étaient en état de décomposition avancée. On nous a même proposé des tests ADN pour une identification mais la découverte macabre dans une petite crique non loin d'El Aouana nous a coupé les jambes», affirme la même source. Au niveau du comité d'Oran du Croissant-Rouge algérien, on nous a confirmé que la cellule de rétablissement des liens familiaux avait enregistré les demandes des harraga originaires d'Arzew. «Ils étaient en réalité une quinzaine. Nous avions pris des contacts avec la Cruz roja (croix rouge) espagnole pour effectuer des recherches au niveau des centres de rétention des clandestins, des commissariats de police et des prisons mais nous n'avions encore rien reçu. Hier, un membre d'une famille d'un des disparus est venu nous informer que leurs cadavres avaient été rejetés par la mer à Jijel, ce qui nous pousse à cesser les recherches et à classer le dossier», affirme un responsable de la cellule. En attendant le rapatriement des dépouilles, les habitants de la cité Zabana ne parlent que des jeunes voisins qui ont tenté la harga, mais qui ont fini par être emportés par la mer.