Lorsque le peuple refuse d'écouter son dirigeant, le second délaisse les discours creux et rébarbatifs et prend goût à fréquenter les plateaux télé improvisés. Ceci est la formule que le colonel Kadhafi a été contraint de choisir pour ne pas perdre l'autre pied dans la guerre de communication. Après la radio serbe, le voici qui glousse ironiquement sur ABC. Quand est-ce que les cadavres ont fait rire le commun des mortels ? En fait, c'est une question de la journaliste-animatrice qui a fait pouffer le roi sans couronne. Il le répétera tant que l'Occident et ses «facebookers» n'auront pas compris qu'il n'ira nulle part. La raison n'est pas une aiguille à chercher dans une botte de foin. S'il reste, c'est qu'il est convaincu que le peuple l'adore et que celui-ci fera tout pour sauver le soldat Mouammar ! Parle-t-il de cette poignée d'adorateurs qui étaient venus sur la place verte écouter ce que leur Guide leur soufflait du haut d'un rempart ? A Susan Rice, représentante US aux Nations unies d'y répondre. Le leader libyen est complètement coupé de la réalité et vit dans la pure illusion et le délire. Il est temps qu'il se réveille et se trouve un exil, la Maison-Blanche est disposée à sécuriser un couloir aérien pour lui et pour les membres sa famille. Sauf que la proposition américaine n'est pas sans délai fixe. Pour avoir voulu quitter Charm El Cheikh à sa convenance, le fils Djamel a privé toute la famille Moubarak de quitter le territoire égyptien. Seïf El Islam se dépêchera-t-il d'insister auprès de son père pour échapper à un pareil sort ? Inutile, la détermination du Guide perdu à affronter ses ennemis est inébranlable. Mme Clinton a pris acte à partir de Genève et a poussé le bouchon jusque dans le Golfe de Libye, annonçant que les forces navales US vont s'y redéployer. Histoire d'être aux aguets ? Aucun plan n'a été retiré de la table, y compris l'option militaire. A moins, bien sûr, que le colonel retrouve ses esprits et se décide à aller crécher chez l'un de ses amis africains ou latinos. Pour la dernière fois, le roi de Tripoli veut rester chez lui et se déclare disponible à inviter la communauté internationale à venir enquêter sur des bombardements aériens qui, d'après ses rires sur ABC, ne sont que mirage. Et ce haut gradé de l'armée régulière qui est venu à Zaouiah rapporter les menaces de Kadhafi, qui a promis de bombarder par les airs les manifestants s'ils ne rentraient pas chez eux ? Est-ce aussi une chimère ? Ce n'est pas l'administration Obama qui va avaler de telles couleuvres. Le Pentagone a décidé du positionnement de forces navales et aériennes. En vue d'une intervention militaire ? Il pourrait y prétendre aisément, l'évacuation des ressortissants étant bouclée et les représailles éventuelles du régime de Kadhafi écartées. Ajoutant à cela les signaux positifs reçus du Vieux continent, le trio franco-italo-britannique a affiché sa volonté d'imposer une zone d'exclusion dans le ciel libyen si, évidemment, le Conseil de sécurité venait à donner son feu vert. Même si le thème est évoqué ouvertement par les Occidentaux, aucun consensus n'a semblé se dessiner entre grandes puissances. Un gain de temps précieux pour les kadhafistes, mais quand la Russie vient à penser que le pouvoir à Tripoli est mort politiquement, le jeu est quasiment plié. Faut-il s'attendre à un second lâchage du Kremlin, le premier pourrait lui coûter quelque chose comme quatre milliards de dollars pour des contrats militaires non honorés ? Le président de la commission des affaires internationales du sénat russe, Mikhaïl Marguelov, n'exclut pas que les Etats-Unis puissent lancer une attaque armée contre le régime de Mouammar Kadhafi sans même l'assentiment de ses alliés ou de Moscou. Pour quel résultat ? Paraît-il pour un semblant de démocratie comme celle qui prévaut en Irak, avec des gisements de pétrole en plus.