Premier test public réussi pour le parti d'Aït Ahmed, qui a réussi à drainer une très grande assistance hier, à l'occasion du meeting tenu à la salle Atlas de Bab El Oued. Une assistance venue de tous les coins du pays écouter le premier secrétaire national du FFS, Karim Tabbou, prôner un changement pacifique qui doit inéluctablement, pour se réaliser, «sortir de l'exclusion et de l'émeute». Revigoré par l'affluence record qui criait des slogans hostiles au régime, Tabbou répondra d'abord pour entamer sa longue intervention «à ceux qui parlent d'inertie du FFS», que le plus vieux parti d'opposition «est là pour donner suite au combat pour le changement par un travail politique», avant d'indiquer qu'il est «responsable» et mènera ce combat en reconstruisant la confiance, contrairement à certains «qui font dans l'agitation». Tout en décortiquant les changements qui s'opèrent dans la région du Maghreb et le monde arabe, «grâce aux peuples qui peuvent vaincre», Karim Tabbou répond à ceux qui «ne voulant pas voir la société s'organiser», pensent qu'il est impossible aux Algériens de se remettre des traumatismes et épreuves vécues et à ceux qui «pensent que rien ne doit changer». «Nous considérons comme prioritaire la reconstruction des liens entre les Algériens», leur assène-t-il, non sans expliquer la présence du FFS sur le terrain. «Nous devons peser de tout notre poids (…) pour que le processus historique en cours soit une occasion pour le peuple algérien de renaître à la liberté, à la démocratie et au progrès». Pour Karim Tabbou, il ne suffit pas de capter le changement, il faut le construire, car, pour lui, le point commun avec les crises vécues dans les pays arabes est l'exclusion politique économique, sociale et culturelle. Comment construire le changement ? s'interroge Karim Tabbou, qui tente d'y répondre. «D'abord sortir de l'exclusion et de l'émeute», dit-il, par «la levée de tous les obstacles à la libre organisation et la libre expression des Algériens, la levée du dispositif répressif des libertés publiques, politiques, associatives, syndicales non seulement au travers des dispositions légales et administratives mais aussi par un signal politique fort capable de restaurer la confiance perdue». Accusant le régime de fermeture de tous les espaces, Tabbou lance un message aux décideurs. «N'ayez pas peur du changement», lance-t-il, estimant que «le changement est nécessaire et inéluctable». S'adressant enfin aux militant du FFS et à l'ensemble des citoyens, Tabbou affirme la détermination de son parti, considéré comme «la force tranquille», à nourrir ce mouvement. «L'insurrection que nous voulons est celle de l'intelligence, des consciences et des volontés», lance-t-il non sans préciser que les forces du changement existent et sont là où sont les Algériens. «C'est dans l'exercice citoyen effectif que s'opéreront les décantations», assène-t-il pour conclure, avant d'inviter les quelques milliers de citoyens venus assister à son meeting de «sortir dans le calme et de ne pas répondre à la provocation». A signaler que des représentants de partis marocains et tunisiens sont intervenus au début du meeting, insistant sur l'unité des peuples du Maghreb et dénonçant la répression qui s'abat sur les Libyens, ainsi que nombre de représentants d'associations algériennes, des étudiants ou encore le président de la LADDH qui était partie prenante de la CNCD avant de «claquer la porte», comme le FFS d'ailleurs, qui essaie aujourd'hui de mobiliser les Algériens pour un changement en «luttant pacifiquement avec le peuple algérien».