Des centaines de jeunes des quartiers de Diar El Mahçoul et de Confort (commune d'El Madania-Alger) sont sortis hier après-midi pour protester contre le mal-vivre. Ils ont dénoncé l'attitude du wali d'Alger, qu'ils accusent de «ne pas tenir à ses promesses». L'axe routier menant de Diar Essaâda au sanctuaire du Martyr a été fermé en amont et en aval par la police. Au niveau de Diar El Mahçoul et de Confort, la colère des jeunes, âgés de 20 à 40 ans pour la plupart, s'est vite transformée en émeute. La police a dépêché dès le début des brigades antiémeutes. Il ya eu des blessés aussi bien du côté des jeunes que de celui des policiers. Les brigades antiémeutes ont usé de bombes lacrymogènes, visiblement vidées de leur gaz. Les jeunes émeutiers ont de leur côté jeté des pierres, des projectiles, des cocktails Molotov et des pétards. La situation a dégénéré vers 15h. On pouvait apercevoir des émeutiers jeter des pierres des terrasses des immeubles de Diar El Mahçoul. Des groupes de 30 à 40 jeunes se formaient et les brigades antiémeutes, environ 250, étaient immobiles dans un premier temps. Quand ils sont passés à l'action pour disperser les émeutiers, la situation a dégénéré. Un photographe de presse a même été blessé au visage. Les chauffeurs des 4x4 blindés de la police essayaient d'impressionner les jeunes afin qu'ils quittent les lieux. «Regardez, c'est de la provocation. C'est à eux de partir, pas à nous. Nous sommes les enfants du quartier. S'ils restent, la situation risque de se détériorer. On dirait qu'ils font exprès et que leur but est de chauffer les foules», pense un père de famille, lui aussi sorti pour montrer son mécontentement. La genèse de la colère remonte à la soirée de mardi, quand le wali d'Alger, Mohamed Kébir Addou, avait rendu visite aux habitants du quartier El Bahia dans l'après-midi du même jour. Il avait promis aux citoyens d'El Bahia, qui se trouve aussi dans la commune d'El Madania, «de les reloger dans les plus brefs délais», témoigne Ali, habitant à Diar El Mahçoul. «C'est la goutte qui a fait déborder le vase», estime Khaled, 45 ans, père de deux filles. «Nous, c'est depuis les années 1960 que nous attendons un logement décent. Tous les appartements de Diar El Mahçoul sont constitués d'une pièce et d'un coin-toilette. Ce sont des studios où vous pouvez trouver 15 à 20 personnes. Je connais des familles composées de 30 individus. Vous appelez ça une vie», décrit-il amèrement. Les émeutiers accusent «le wali d'Alger d'oublier ses promesses», comme nous l'affirme Mourad, 35 ans. «Quand les habitants de Diar Echems ont débuté l'émeute l'année dernière, le wali d'Alger nous avait aussi promis un relogement avant la fin 2010. Mais voilà que nous sommes déjà en 2011 et nous ne voyons rien de concret. Le wali n'est même pas venu nous voir pour nous donner un grain d'espoir. Résultat, une émeute. Elle ne va s'arrêter de sitôt.» A l'heure où nous mettons sous presse, les deux parties, émeutiers et brigades antiémeutes, échangent des tirs de pierres. Tout laissait présager que l'émeute allait durer.