L'Alliance nationale pour le changement (ANC) qui a tenu vendredi son premier meeting à la salle Atlas et qui compte fédérer sa composante hétéroclite lors d'un prochain congrès, précise encore plus sa vision du changement «effectif, structurel et systémique du système politique algérien». Un gouvernement de transition s'impose, de l'avis de ce mouvement. S'exprimant lors de l'émission politique de la Radio Chaîne III, Abdelmekki Aïssa, membre de l'Alliance et représentant d'El Islah, a dévoilé le fond de la stratégie de l'Alliance. «L'ANC vise un changement radical qui débarrasserait la scène politique du système de rente, de la corruption généralisée en cassant le mur de la peur», dit-il d'emblée, en citant l'exemple des pays voisins (Tunisie, Egypte). Estimant que le mot changement est devenu aujourd'hui «un concept creux, conséquence direct du système politique algérien», qui met en avant «une démocratie de façade», le représentant de l'ANC préconise «une véritable démocratie qui s'assoie sur des institutions qui fonctionnent». Dans l'optique de son mouvement, «les priorités c'est d'abord la révision de la Constitution ‘'rigide'' pour la rééquilibrer, arrêter la politique de fuite en avant du système avec l'installation d'un gouvernement d'union nationale provisoire qui regroupera toutes les tendances politiques et idéologiques actives et sera chargé de la gestion de la période de transition (révision profonde de la constitution, élections locales et législatives et présidentielles)». Ce dernier veillera, estime l'invité de la radio, à garantir des élections libres et démocratiques «surveillées par une commission nationale indépendante». Pour y parvenir, Abdelmekki compte sur la volonté politique des pouvoirs publics qui devraient faire des consultations réelles et transparentes, et non «pas dans les coulisses», pour permettre «à toutes les forces vives de s'exprimer et désigner leurs représentants». «Nous sommes pour une forme de constitution parlementaire», a-t-il tranché lorsqu'il s'est interrogé sur la révision «profonde» de la Constitution. Celle-ci, considère-t-il, permettrait aux véritables élus du peuple de contrôler l'exécutif dans son application des lois de la République. «Nous souhaiterions que le changement se fasse avec le pouvoir en place, mais nous craignons, de par son attitude, que cela se fasse contre lui». Les exemples sont légion, avertit-il. L'ANC ne compte pas être le parrain du changement L'ANC, «qui ne compte pas être le parrain du changement», est à même, selon l'invité de la radio, «de proposer un programme économique à travers la personne de Benbitour», dit-il, critiquant au passage le programme quinquennal du Président. Quant à l'appel de son leader d'El Islah, Djamel Benabdeslam, au cours du meeting de l'Atlas, aux islamistes pour réinvestir la scène, il considère que «cela relève des libertés individuelles et publiques», arguant par ailleurs que «l'islam, qui ne doit pas être manipulé, est un référent culturel et identitaire du peuple algérien». Il se contredira en affirmant que «les islamistes ont été victimes de la répression pour leur idéologie» qu'il ne rejettera pas pour autant, car leurs «dérives» sont venues «après l'arrêt du processus électoral de 91». La présence «applaudie» de l'ex-numéro 2 du FIS au meeting s'explique, selon lui, par le fait que «c'est un meeting populaire et nul n'a le droit d'empêcher Ali Belhadj, en tant que citoyen qui n'a rien à se reprocher, d'entrer dans la salle», qualifiant les ovations dont il a bénéficié de «folkloriques» et qui n'émanent pas des membres de l'ANC. Sur le plan international, l'invité de la radio a accueilli favorablement la résolution onusienne sur la Libye. «Mais dans le principe, l'intervention étrangère est acceptable à condition qu'elle mette fin au calvaire des populations».