L'opération militaire de la coalition internationale contre la Libye continuait hier de faire l'objet de vives critiques et réactions de plusieurs pays et d'organisations qui jugent qu'elle (intervention) s'écarte du but d'imposer une zone d'exclusion aérienne. Après la Chine, l'Inde et le Venezuela, Cuba, la Russie, la Turquie et l'Allemagne ont exprimé leur inquiétude après la mort de civils lors de cette opération militaire engagée depuis samedi contre la Libye. De hauts responsables russes ont jugé que cette action est complètement contraire à la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU qu'ils ont qualifiée d'ambigüe. Pays membre permanent du Conseil de sécurité, la Russie estime que la coalition profite de l'«ambiguïté» de la résolution 1973 adoptée par les Nations unies sur l'intervention en Libye pour faire tomber le régime du colonel Mouammar Kadhafi. «Ce qui se passe aujourd'hui en Libye suscite la déception car les choses vont mal», car «la coalition n'a pas seulement de visées humanitaires mais politiques, en profitant de l'ambiguïté de la résolution 1973 de l'ONU pour sortir de son cadre», a déclaré le président de la commission des Affaires étrangères de la Douma (parlement russe), Konstantin Kosachev. Abondant dans le même sens, l'Allemagne a rappelé avoir émis des réserves dès le début quant à sa participation à l'intervention militaire. «Cela signifie que nous estimons qu'il y a des risques» avec l'opération en cours en Libye, «et lorsque nous entendons ce que la Ligue arabe a dit hier (dimanche), malheureusement nous constatons que nous avions des raisons d'être préoccupés», a déclaré le ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle. Pour Cuba, l'intervention occidentale en Libye «constitue une manipulation évidente» de la Charte de l'ONU et de l'autorité du Conseil de sécurité, marquée par la politique de «deux poids, deux mesures». «La résolution 1973 adoptée jeudi soir par le Conseil de sécurité n'autorise en aucun cas ce genre d'attaques sur le territoire libyen, qui constituent une violation du droit international», souligne une déclaration du ministère cubain des Affaires étrangères. Pour sa part, la Turquie, par la voix de son Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, a appelé à la fin de l'intervention militaire de la coalition internationale contre la Libye. «Il faut que la Libye retrouve rapidement sa stabilité», insiste le chef du gouvernement turc. La presse turque a également critiqué l'opération militaire faisant des dizaines de victimes parmi les civils en Libye, s'inquiétant d'«un nouvel Irak». Par ailleurs, des organisations régionales et internationales ont aussi exprimé leur grande déception face «aux bombardements de civils» en Libye. «Ce qui s'est passé en Libye diffère du but qui est d'imposer une zone d'exclusion aérienne et ce que nous voulons c'est la protection des civils et pas le bombardement d'autres civils», a affirmé le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. Il a estimé que «la protection des civils en Libye ne nécessite pas forcément le recours à des opérations militaires». «Nous sommes en ce moment en consultation pour une réunion destinée à suivre tous les développements dans le monde arabe, notamment en Libye», a-t-il indiqué. Ces critiques ont fait réagir le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon en visite au siège de la Ligue arabe au Caire et qui a appelé la communauté internationale à «parler d'une seule voix sur la Libye».