Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
Le président yéménite propose une élection présidentielle anticipée Le Parlement adopte l'état d'urgence, l'opposition appelle à la mobilisation vendredi prochain
Le Parlement yéménite a approuvé hier l'instauration de l'état d'urgence dans le pays, où le président Ali Abdallah Saleh est de plus en plus contesté. Au total, 164 députés sur 165 présents ont voté pour cette mesure, proclamée le 18 mars par le chef de l'Etat après la mort de 52 manifestants tués lors d'une attaque contre les contestataires, attribuée à des partisans du régime. Le Parlement compte 301 membres. Tous les députés de l'opposition parlementaire, les indépendants et les députés du Congrès populaire général (CPG) du président Saleh ayant démissionné en raison de la répression des manifestations, ont boycotté la séance. Il n'était pas possible de savoir dans l'immédiat si cette mesure signifiait l'interdiction des manifestations et du sit-in observé par des protestaires depuis le 21 février place du Changement, à Sanaa. Toujours est-il que des groupes de l'opposition yéménite ont appelé à une nouvelle journée de mobilisation vendredi prochain pour réclamer la démission du président Ali Abdallah Saleh, projetant de marcher sur le palais présidentiel de Sanaa. «Ce vendredi sera le Vendredi de la marche en avant, avec des centaines de milliers de personnes. Nous arriverons jusqu'à vous et nous vous ferons partir», a dit Mohamed Qahtan, porte-parole de la contestation, s'adressant au dirigeant yéménite via la chaîne du Qatar Al Djazeera. La veille, le président yéménite Ali Abdallah Saleh a prévenu que ses opposants qui souhaiteraient monter un coup de force contre lui, emmèneraient le pays vers une guerre civile. «Ceux qui veulent prendre le pouvoir par des coups d'Etat doivent savoir que c'est hors de question», a dit Saleh à des commandants de l'armée. «La mère patrie sera instable, il y aura une guerre civile, une guerre sanglante. Ils doivent prendre cela en considération attentivement», a ajouté le président, en butte à un fort mouvement de contestation et à une série de défections dans sa garde rapprochée, tant militaire que politique. Mais la grande muette n'est pas restée sans voix face aux déclarations d'Ali Saleh. Elle lui a fait savoir qu'elle n'était pas là en tant qu'instigatrice de coups de force militaires. Au Yémen, une partie de l'armée a rallié le mouvement de contestation populaire. Cela n'a pas empêché plusieurs généraux d'apporter leur soutien aux protestataires. Certains gradés sont venus s'adresser à la foule dans le centre de la capitale Sanaa. «Vous devez rester fermes dans vos conviction, poursuivez votre révolution avec force et sacrifice», a dit ce colonel de l'armée de l'air. Le président yéménite s'est dit prêt à quitter le pouvoir début 2012 après la tenue d'élections législatives dès la fin de l'année. Une proposition rejetée par l'opposition qui continue de réclamer son départ immédiat. Refusée également par des dizaines de milliers de manifestants qui ont continué hier de réclamer son départ à travers plusieurs villes du Yémen. Confronté à une journée de mobilisation vendredi prochain à Sanaa, le président Saleh a proposé hier d'avancer de deux ans l'élection présidentielle prévue normalement en 2013 au Yémen. Séduira-t-il l'opposition par sa nouvelle proposition ? Pas nécessairement, seul son départ calmerait les esprits chauffés par la rage d'accéder à la liberté.