Les enseignants contractuels campent toujours à El Mouradia (Alger), non loin du siège de la présidence de la République et ce, pour le huitième jour consécutif afin de protester contre l'«injustice» appliquée à leur égard et exiger leur réintégration ainsi que le statut de permanents. Hier encore, des heurts ont eu lieu entre les nombreux manifestants venus de différentes wilayas et les forces de l'ordre, dépêchées en grand nombre pour empêcher les contestataires de se rapprocher de la présidence. Les débordements ont commencé, après qu'un contractuel désespéré de la wilaya de Bouira ait tenté de s'immoler par le feu. Il en a été empêché à temps. Les agents de la police anti émeutes ont, par la suite, tenté d'intervenir. Un geste qui a incité les manifestants à réagir, en tentant de forcer le cordon de sécurité qui les encerclait. Lors des altercations, deux enseignants ont été grièvement blessés. Les secours ont tardé et les policiers ont perdu le contrôle. La situation a failli dégénérer. La contestation prend de plus en plus d'ampleur. Plusieurs autres concernés sont venus renforcer les rangs des grévistes décidés à observer le sit-in ouvert jusqu'à la prise en charge de leurs revendications «légitimes», particulièrement celle relative à l'intégration des 25 000 contractuels à l'échelle nationale sans aucune condition. Il y a lieu de rappeler que M. Khaldi, SG du ministère de l'Education nationale, qui avait reçu une délégation des contractuels au premier jour du rassemblement, a opposé un refus catégorique quant à la requête de la corporation. Il avait indiqué que cela «dépassait ses prérogatives.» Le Cnapest solidaire avec les contractuels Les membres de la Coordination nationale autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) des wilayas de Blida, Boumerdès, Alger, Béjaïa et Bouira présents sur place ont réitéré leur engagement de soutenir la corporation jusqu'au bout. M. Messaoudi, coordinateur du Cnapest de Bouira regrette de ne pouvoir faire plus en direction de ses confrères contractuels que le soutien indéfectible. «Hormis le soutien, nous n'avons pas d'autres moyens pour les aider. Nous serons cependant présents à toutes les manifestations qu'organisera la corporation. Nous interpellons le président de la République à intervenir par un acte politique et à travers un acte citoyen, afin d'intégrer nos collègues contractuels», souligne-t-il. «Tous les vacataires des autres secteurs ont été intégrés, alors pourquoi pas ceux de l'éducation ?» a-t-il interrogé. Il enchaîne : «S'il y a une loi, qu'elle soit appliquée à tout le monde (...) Moi, je qualifie cela de ségrégation. Les instances concernées doivent intervenir pour les intégrer. La loi 90-11 parle de travailleurs et non de contractuels. Le décret 03 06 énumère les droits du fonctionnaire. Alors pourquoi ne pas appliquer ces lois ? En plus, l'Algérie est riche, elle a les moyens de payer convenablement ses enfants. Il y a des milliards qui sont jetés dans des choses superflues, pourquoi ne pas intégrer les contractuels et les payer décemment ?» conclut M.Messaoudi. Des sit-in dans toutes les wilayas Les contractuels qui n'ont pas pu effectuer le déplacement à Alger comptent observer des sit-in de protestation au niveau des directions de l'éducation de leurs wilayas, dimanche prochain, pour élargir la protestation. Selon le représentant des 864 contractuels de la wilaya de Béjaïa, la tutelle n'a pas encore réagi et aucune nouvelle mesure n'a été prise à leur endroit. «Le ministère a, selon certaines sources, pris attache avec les académies de chaque wilaya pour avoir le nombre exact de contractuels, mais jusqu'à présent, personne ne nous a contactés», a-t-il dit, confirmant : «Nous maintenons la pression». Il précise dans un autre volet que 50 contractuels de sa wilaya ont été exclus, alors qu'ils comptent plusieurs années de travail et donc d'expérience. D'autres contestataires ont menacé d'opérer un suicide collectif si aucune réaction ne parvient d'ici dimanche prochain. Ils comptent marcher vers la présidence, quitte à affronter n'importe quel danger.