Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs (PT), se dit convaincue que le moment est venu de mettre en place une assemblée constituante en organisant des élections anticipées qu'elle qualifie d'«urgence de l'heure». «Nous sommes face à une situation qui réunit les prémices d'une véritable crise. Il est plus que nécessaire de passer à une étape supérieure en vue de libérer les énergies populaires et d'apporter le changement tant attendu par la société», a soutenu Louisa Hanoune lors d'un point de presse qu'elle a animé hier à Alger pour rendre publiques les conclusions de la conférence des cadres du parti qui s'est tenue le week-end dernier à Tipasa. La situation en Algérie est donc instable, comme en témoigne l'effervescence du front social, charriant dans son sillage des mouvements de grève n'épargnant presque aucun secteur, des sit-in et des protestations qui s'organisent à l'infini, notamment à Alger où ce genre de manifestations est toujours frappé du sceau de l'interdit. «Ces protestations mettent en évidence l'idée d'une rupture totale avec toutes les politiques dictées par le passé par le FMI, la Banque mondiale et l'Union européenne», dira Louisa Hanoune. Pour la porte-parole du PT, «la situation telle qu'elle se présente exige un débouché politique qui n'est autre que le recours à une assemblée constituante par le biais d'élections libres et indépendantes». Une action inéluctable, insiste encore la dame de fer du Parti des travailleurs, qui pourrait survenir, selon elle, de la «dynamique révolutionnaire qui est de mise actuellement en Algérie», tout comme le recours à l'assemblée constituante pourrait également découler de la volonté du président de la République. «Bouteflika a indiqué en 1999 qu'il est favorable au choix d'une assemblée constituante», a argué la conférencière en ajoutant qu'en tant que porte-parole du PT, elle n'a jamais interrompu le contact avec la présidence, de surcroît avec le président de la République. La présidence «assiégée», les autres institutions inefficaces Outre la conjoncture des protestations qui justifie, selon le PT, le recours à la constituante, la porte-parole de cette formation argumente en mettant en évidence le rôle inefficace des institutions de l'Etat, entre autres les APC et surtout le Parlement. C'est pour cette raison que la présidence de la République est actuellement «assiégée» par des protestataires issus des différentes catégories sociales, fera remarquer Louisa Hanoune. Celle-ci ajoutera que le choix d'une assemblée constituante permettra d'en finir avec le système du parti unique qui est toujours de vigueur, mais qui se drape derrière «une façade démocratique» factice. Au sujet d'une éventuelle révision de la Constitution à laquelle ont appelé d'autres formations politiques issues notamment du conglomérat de l'Alliance présidentielle, la porte-parole du PT a indiqué que cette révision de la loi suprême du pays doit prendre en considération toutes les revendications socio-économiques et même les réclamations d'ordre politique exprimées par le peuple algérien, au sujet duquel elle dira qu'il est «en position d'offensive». Elle a par ailleurs critiqué vertement les partis de l'Alliance présidentielle qui récusent l'idée d'une assemblée constituante considérant que leurs arguments brandis en ce sens sont peu convainquants.